General Motors Canada abandonne la location de véhicules, pourtant un énorme marché au pays, au profit de la vente.

General Motors Canada abandonne la location de véhicules, pourtant un énorme marché au pays, au profit de la vente.

Le vendredi 1er août, GM Canada cessera de financer la location et ne misera que sur la vente pour se maintenir en tête de l'industrie.

Le constructeur l'a annoncé à ses concessionnaires canadiens hier midi, mais n'a pas répondu aux appels de La Presse Affaires. GM [[|ticker sym='GM'|]] laisse aussi tomber la location aux États-Unis.

Le changement de cap à 180 degrés s'explique par la chute de valeur de véhicules loués, explique Jean-Claude Gravel, président des concessionnaires du Groupe Gravel Auto.

Par ailleurs, la crise américaine du crédit touche GMAC, détenue surtout par la firme Cerberus Capital, de New York, qui a d'ailleurs aussi racheté 80% de Chrysler Corp.

Chrysler Financial n'arrive pas à renouveler une facilité de crédit de 30 milliards US et devra se refinancer à des taux supérieurs. Chrysler met aussi fin à la location aux États-Unis.

Malgré tout, Chrysler Financial continue de financer la location au Canada, mais à des taux plus élevés, affirment à La Presse Affaires une porte-parole, Jelena Jelice, et le directeur du crédit, Jean Trottier.

«La location ne se fait plus à 0%, mais à 4,29%. Comme toutefois les prix des véhicules sont réduits, un plus grand nombre de clients les achètent», déclare Pierre Dufort, directeur de la location chez Chrysler Rive-Sud.

Chrysler loue par contre des modèles à 12,29%, réplique George Iny, président de l'APA (Association pour la protection de l'automobiliste). Les paiements mensuels de la monospace Journey louée passent ainsi à 425$ durant 48 mois, contre 436$ pour un achat sur 60 mois, dit-il.

«Si la location se limite à 18% du marché aux États-Unis, elle grimpe à 45% au Canada», estime Dennis DesRosiers, de DesRosiers Automotive Consultants.

Christian Navarre, spécialiste de l'automobile à l'Université d'Ottawa, explique que «la sortie de la location est provoquée par la chute des valeurs résiduelles, qui s'écrasent dans le cas des gros véhicules. Les mensualités doivent augmenter».

Pour attirer les clients, «des constructeurs ont subventionné les valeurs résiduelles», mais les trois grands américains accusent des pertes considérables.

«Il va devenir difficile d'offrir les mêmes mensualités aux clients. Le terme des prêts à l'achat devra augmenter, à 75 ou 80 mois», estime Christian Navarre.

La fin de la location «est une bonne nouvelle pour GM, les concessionnaires et les clients», assure Jean-Claude Gravel. Aidés par GM, les détaillants vont offrir «du 0% à l'achat sur 72 mois. Les mensualités seront égales ou inférieures à celles de la location et le client n'aura pas à payer des pénalités pour un kilométrage trop élevé ou des dommages sur le véhicule loué. Il n'y aura plus d'inconnues. Les autres constructeurs vont emboîter le pas», estime Jean-Claude Gravel.

Des constructeurs comme Toyota vont en profiter, réplique Christian Navarre. «C'est une période cruciale pour l'industrie automobile. On a vu l'effondrement des ventes aux États-Unis et, là, c'est la sortie de la location. C'est une crise jamais vue depuis les débuts de l'industrie», lance Christian Navarre.

GM Corp va d'ailleurs sabrer la production de 117 000 véhicules additionnels, des VUS et «pickups» dans la plupart des cas, surtout à Moraine, en Ohio, et à Shreveport, en Louisiane, selon le porte-parole, Tony Sapienza. Le constructeur se rapproche ainsi de son objectif annuel de réduction de 300 000 véhicules.