La Réserve fédérale américaine a estimé mercredi que l'économie demeurait «généralement fragile» à l'heure où l'envolée des prix des carburants et de l'alimentation pèse sur le portefeuille des consommateurs et contraint certaines entreprises à décider à leur tour d'une hausse des prix.

La Réserve fédérale américaine a estimé mercredi que l'économie demeurait «généralement fragile» à l'heure où l'envolée des prix des carburants et de l'alimentation pèse sur le portefeuille des consommateurs et contraint certaines entreprises à décider à leur tour d'une hausse des prix.

Le rapport de conjoncture de la Fed rendu public à Washington met en lumière deux gros points sensibles pour le pays: une activité économique marquée par l'apathie conjuguée à une hausse des prix de l'énergie et de l'alimentation.

Une augmentation qui provoque un risque d'inflation et de nouveau frein à la croissance économique.

Par ailleurs, deux responsables de la Réserve fédérale américaine ont recommandé d'éviter toute précipitation avant de s'attaquer à l'inflation aux États-Unis.

Pendant ce temps, certains investisseurs spéculent déjà sur un relèvement prochain de ses taux directeurs.

«Il serait peut-être efficace de s'autoriser une période d'ajustement au cours de laquelle, à la fois l'inflation générale excèderait son niveau désiré et le taux de chômage serait supérieur à son niveau soutenable de long terme», a déclaré le vice-président de la banque centrale américaine Donald Kohn.

La Fed doit examiner le niveau de ses taux directeurs lors de la prochaine réunion de son comité de politique monétaire (FOMC), les 24 et 25 juin.

Ces derniers jours, plusieurs de ses dirigeants ont fait part de leurs inquiétudes sur l'inflation et écarté plus ou moins implicitement l'idée d'une nouvelle baisse du taux directeur, actuellement fixé à 2%.

Mais les marchés envisagent désormais un relèvement des taux, notamment pour contrer la flambée des matières premières, et en particulier du pétrole.

«Concevoir des mesures destinées à contrebalancer les effets indésirables d'un choc sur le système, tant pour l'inflation que pour l'emploi, aura tendance à être plus efficace que concevoir des mesures aux résultats plus extrêmes», a au contraire jugé M. Kohn, lors de la conférence annuelle de la Fed de Boston.

Cette approche prudente est partagée par le nouveau président de la banque de réserve de Saint-Louis James Bullard qui a estimé mercredi qu'un maintien en l'état de la politique monétaire américaine était «une bonne option».

«La Fed a mis en place un environnement de taux bas qui devrait aider l'économie à faire face aux pressions exercées par le secteur immobilier et à l'après-crise des marchés financiers», a-t-il résumé.

Pour autant, M. Bullard s'est inquiété des risques de voir les principaux acteurs économiques se résigner à une envolée prochaine des prix, dans un discours prononcé à Saint-Louis.

Ces inquiétudes avaient déjà été formulées lundi par le président de la Fed, Ben Bernanke. La Fed ne laissera pas s'installer chez les acteurs de l'économie l'idée que l'inflation va accélérer, avait-il alors averti lundi.

Le comité de politique monétaire de la Fed «résistera fortement à une érosion des attentes d'inflation à long terme, car un dérapage de ces attentes risquerait de déstabiliser la croissance autant que l'inflation».

«L'ancrage des attentes d'inflation ne peut pas être considéré comme acquis», a également jugé mercredi M. Kohn, dans un développement consacré à la flambée du pétrole.

Mais sur ce point, le vice-président de la Fed s'est montré rassurant: «dans l'histoire récente, une forte poussée des prix du pétrole semble n'avoir eu que des effets modestes sur les futurs taux d'inflation».

Le baril remontait nettement mercredi sur le marché du pétrole, autour de 135 $ US, gagnant plus de 3 $ US, alors qu'il avait fortement baissé la veille.

Ces prises positions interviennent alors que l'inflation a arraché aux menaces de récession le titre d'ennemi numéro un de la Fed, et de ses homologues étrangers.

«Des commentaires pro-durcissement et, dans certains pays, des mesures concrètes, suggèrent que les banquiers centraux sont désormais plus inquiets de la partie «flation» que de la partie «stag» du mot stagflation», ont noté les économistes de Morgan Stanley, dans une note, mercredi.

«Le génie de l'inflation est sorti de sa bouteille et nous allons probablement voir des taux d'inflations moyens supérieurs», ont jugé ces experts, qui ne prévoient toutefois aucun resserrement monétaire aux États-Unis cette année.