Une étude de Towers Perrin remet en cause le mythe répandu selon lequel les téléphones cellulaires, ordinateurs portables et autres BlackBerry seraient des prisons virtuelles, obligeant les employés à se rendre disponibles 24 heures sur 24, sept jours sur sept.

Une étude de Towers Perrin remet en cause le mythe répandu selon lequel les téléphones cellulaires, ordinateurs portables et autres BlackBerry seraient des prisons virtuelles, obligeant les employés à se rendre disponibles 24 heures sur 24, sept jours sur sept.

Jean Kanan est vice-présidente, Santé et pharmaceutique, à l'agence de relations publiques HKDP. Le 9 à 5, connaît pas. «Dans mon domaine, ça n'arrête jamais», dit-elle.

En soirée, Mme Kanan prend donc ses courriels du bureau sur son Motorola Q, un assistant personnel concurrent du populaire BlackBerry. Et le weekend, il lui arrive d'aller jeter un coup d'oeil sur ses nouveaux messages.

Un cas d'empiétement du travail sur la vie personnelle? Au contraire. L'assistant personnel de M me Kanan lui permet de partir tôt du bureau, tous les soirs, pour aller chercher son fils de 3 ans. Du souper au dodo du petit, les clients peuvent attendre.

Un équilibre

Selon une étude de Towers Perrin, 86% des Canadiens estiment que la technologie leur permet d'atteindre un certain équilibre entre leur vie personnelle et professionnelle.

Le sondage a été mené chez 5000 salariés travaillant pour des entreprises comptant au moins 250 employés.

Occupant une diversité d'échelons hiérarchiques et représentant toutes les grandes industries au Canada, les répondants ont été contactés chez eux, ce qui a assuré des réponses plus objectives, note Jean-Rémi Mayrand, sociétaire chez Towers Perrin à Montréal.

«Le sondage nous a montré que les employés sont prêts à se dédier à leur travail, mais ils souhaitent avoir la flexibilité de le faire au moment qui leur convient le mieux», indique M. Mayrand.

Les facteurs importants

En fait, l'accès à une technologie facilitant l'équilibre vie professionnelle et vie personnelle s'est retrouvé dans la liste des 10 facteurs les plus importants pour fidéliser le personnel.

Selon le porte-parole de Towers Perrin, «il s'agit donc d'un facteur déterminant, puisque les répondants l'ont choisi parmi près d'une centaine de choix».

De l'avis d'Estelle M. Morin, professeure à HEC, la mauvaise réputation qu'ont parfois les outils technologiques tient à une erreur de perception.

«Comme ils sont apparus à la fin des années 90, certains les ont associés, à tort, au downsizing et au rightsizing qui avaient cours à l'époque.»

Mme Morin, spécialiste de l'équilibre travail et vie personnelle, ne nie pas le phénomène des Crackberry, ces personnes devenues esclaves de leur gadget de communication. Mais ne jetons pas la pierre à la technologie, insiste-t-elle.

«On voit des gens prendre des appels alors qu'ils sont à table avec d'autres personnes. C'est un manque de savoir-vivre, mais c'est plus fort qu'eux : ça leur donne l'impression d'être important», remarque M me Morin.

Exception faite des travailleurs des services essentiels, par exemple les pompiers, les médecins et infirmiers de garde, la professeure trouve inconcevable qu'un salarié ordinaire se doive d'être accessible en tout temps.

Il s'agit d'une dépendance auto-imposée, due à une anxiété de performance, explique Estelle M. Morin.

«Soit la personne suppose que son patron ou ses collègues n'auront pas une bonne perception d'elle si elle établit des limites, soit son sens des responsabilités est surdéveloppé.»

Maîtriser la technologie

La technologie est l'amie des travailleurs quand ceux-ci savent la maîtriser. Comme n'importe quel outil, elle existe pour permettre d'obtenir le maximum de résultats avec le minimum d'efforts possible, poursuit la chercheuse.

À titre personnel, Mme Morin, une grande voyageuse, considère d'ailleurs que son BlackBerry a beaucoup amélioré sa qualité de vie. «Avant, je devais traiter une montagne de courriels à mon retour. Je perdais une journée entière», se souvient-elle.

Aujourd'hui, elle profite du temps d'attente à l'aéroport pour envoyer des messages et même corriger des copies d'étudiants «C'est drôlement plus satisfaisant que de regarder des magazines.»

Quant à Jean Kanan, la viceprésidente d'HKDP, elle s'est déjà fait réveiller par un courriel reçu sur son Motorola Q en pleine nuit. Ça a été la première et la dernière fois. Maintenant, son appareil passe en mode silence sitôt la porte du bureau franchie. Pas question de travailler 24 heures, quoi.