Conrad Black espère purger sa peine de six et demi de prison pour fraude et entrave à la justice dans un pénitencier en Floride, à quelques heures de route de sa luxueuse résidence familiale de Palm Beach.

Conrad Black espère purger sa peine de six et demi de prison pour fraude et entrave à la justice dans un pénitencier en Floride, à quelques heures de route de sa luxueuse résidence familiale de Palm Beach.

Mais ce n'est encore qu'un souhait que le magnat de presse déchu a exprimé lundi à la juge Amy St. Eve de la Cour fédérale à Chicago.

Car d'ici le début de sa peine en mars, dans 12 semaines, le sort de M. Black est entre les mains des fonctionnaires du «Bureau des prisons», au département américain de la Justice.

Déjà, selon les normes du Bureau, il est très improbable qu'il puisse se prévaloir d'une incarcération à sécurité minimale, moins contraignante, parce qu'il n'est pas citoyen américain.

Ces pénitenciers, surnommés «Club Fed» dans le milieu judiciaire américain, sont du type où ont séjourné d'autres gens d'affaires célèbres condamnés pour des crimes financiers, comme Martha Stewart.

En fait, malgré l'accord de la juge St. Eve sur la requête de M. Black pour un pénitencier en Floride, le Bureau des prisons a l'autorité presque complète pour assigner les nouveaux détenus à un établissement particulier.

Le Bureau, ou «BOP» aux États-Unis pour «Bureau of Prisons», décide selon ses propres critères administratifs et judiciaires, ont expliqué des avocats criminalistes à Chicago consultés par La Presse Affaires.

Une exception: la recommandation du juge pour un établissement à «sécurité basse» pour M. Black servira à décider de la catégorie du centre de détention.

En tout, le BOP administre un réseau de 114 pénitenciers classés en quatre catégories: sécurité minimale, basse, moyenne et haute.

Quant au lieu d'incarcération de M. Black, le BOP décidera d'abord en fonction de ses disponibilités de places, dans la catégorie d'établissements énoncée dans la sentence.

Aussi, le BOP tente de loger un détenu dans un rayon de 500 milles (800 kilomètres) du lieu de résidence où il est le plus susceptible de se rendre à sa libération.

Dans le cas de M. Black, son premier souhait concernait un établissement situé sur la base aérienne «Eglin» dans le nord-ouest de la Floride, entre le golfe du Mexique et la frontière de l'Alabama.

Mais, selon le BOP, cet établissement à sécurité basse est fermé depuis plus d'un an.

Conrad Black a pu soumettre un second choix: un pénitencier de même catégorie aussi en Floride, mais à Coleman, une localité située entre Orlando et Tampa.

Selon les informations fournies par le BOP, le complexe pénitentiaire Coleman est l'un des plus gros de tout son réseau. Il compte 7500 détenus, repartis dans des sections à sécurité basse, moyenne et maximale.

Malgré sa taille, ce pénitencier aurait plutôt bonne réputation dans le milieu carcéral américain, selon des avocats criminalistes à Chicago.

Il est l'un des plus modernes du réseau fédéral - ouvert en 1995 - et il offre une meilleure gamme d'activités, surtout dans son aile à sécurité basse.

Néanmoins, les détenus y sont logés dans des mini-dortoirs à cloisons partielles. Ils sont soumis à un horaire strict avec la priorité accordée aux tâches de services pénitentiaires.

Toutefois, le BOP pourrait décider d'envoyer Conrad Black dans un pénitencier dans les États du nord.

Le BOP compte une douzaine de pénitenciers de diverses catégories dans les États qui bordent les Grands Lacs et la frontière canadienne, entre le Manitoba et le Québec.

Et quelques uns d'entre-eux hébergent déjà des criminels financiers relativement célèbres.

Si Conrad Black est incarcéré à Oxford, près de Milwaukee, au Wisconsin, un pénitencier bien coté dans le milieu carcéral, il se retrouverait en compagnie d'un ex-gouverneur de l'État de l'Illinois, George Ryan, condamné à six ans de prison pour corruption.

Par ailleurs, s'il aboutit à Waseca, près de Minneapolis, au Minnesota, Conrad Black pourrait côtoyer Jeffrey Skilling, un ex-dirigeant de la firme d'énergie déchue Enron.

M. Skilling est rendu à la deuxième année d'une lourde peine de 24 ans de prison pour fraude, conspiration, falsification comptable et délit d'initié.