À voir les rendements de leur portefeuille depuis un an, les gestionnaires filent un mauvais coton. «La plupart sous-performent depuis au moins un an», confirme Patrick De Roy, directeur chez Morneau Sobeco.

À voir les rendements de leur portefeuille depuis un an, les gestionnaires filent un mauvais coton. «La plupart sous-performent depuis au moins un an», confirme Patrick De Roy, directeur chez Morneau Sobeco.

Selon une enquête de la firme d'actuaires sur les rendements des caisses de retraite, les gestionnaires d'actions canadiennes ont obtenu un rendement médian de 1,1% au cours des 12 mois terminés en juin (sans compter les frais de gestion).

C'est bien au-dessous du rendement de 6,8% de l'indice S&P/TSX. Mais l'avancée de la Bourse de Toronto n'est qu'une belle vitrine. Derrière, les tablettes sont vides.

«Le marché est très étroit», explique Clément Gignac, économiste en chef et stratège à la Financière Banque Nationale. La hausse du S&P/TSX durant la première moitié de l'année ne repose que sur l'explosion des titres de ressources naturelles, plus précisément des secteurs de l'énergie et des matériaux (or, mines, fertilisants) qui forment la moitié de la Bourse.

À l'opposé, 60% des titres qui composent l'indice ont vécu un véritable marché baissier, soit une correction de plus de 20% par rapport à leur sommet, signale le stratège.

Les gestionnaires sont coincés.

«Le parallèle le plus proche, c'est lorsque Nortel Networks représentait 37% de l'indice», dit Jean-Paul Giacometti, gestionnaire de portefeuille chez Claret.

Plus le titre grimpait, plus l'indice devenait dur à battre pour les gestionnaires qui ne pouvaient consacrer une aussi large part de leur portefeuille à un seul titre. Ils étaient condamnés à sous-performer... ou à faire un pari risqué.

Aujourd'hui, ce n'est pas un seul titre, même c'est un seul et même thème, car la corrélation entre les titres pétroliers est très forte, dit M. Gignac.

Dans cet environnement, on observe des différences marquées entre les rendements des gestionnaires, note M. De Roy. Au dernier trimestre, les meilleurs gestionnaires d'actions canadiennes (cinquième percentile) ont gagné 12,5%, tandis que les plus malheureux (95e percentile) n'ont pas fait un sou.

Un écart important. Mais à quel prix? «Je me poserais pas mal de questions si mon portefeuille avait donné des rendements positifs», dit M. Gignac.

Pour remédier au problème de concentration de la Bourse canadienne, on suggère aux investisseurs de se tourner vers l'international. «Mais peu de caisses de retraite ont fait des changements», rapporte M. De Roy.

C'est que la diversification n'a pas été payante dernièrement. Les grandes Bourses étrangères ont toutes plongé de plus de 10% au cours de la première moitié de 2008.

Pour les Canadiens, ces plongeons ont été atténués par le gain de change. Mais malgré le coup de main du huard, les portefeuilles d'actions mondiales des caisses de retraite ont accusé un rendement médian de -8% depuis six mois et de -15% depuis un an.

Même les portefeuilles équilibrés (actions et obligations dans le monde) sont en léger recul (-0,7%) depuis un an.