Chaque printemps, Chantiers Chibougamau, qui fabrique des systèmes de planchers en bois d'ingénierie, voit la demande pour ses produits augmenter en flèche sur le marché américain. Mais en 2007, le boom n'est jamais venu.

Chaque printemps, Chantiers Chibougamau, qui fabrique des systèmes de planchers en bois d'ingénierie, voit la demande pour ses produits augmenter en flèche sur le marché américain. Mais en 2007, le boom n'est jamais venu.

Depuis le printemps dernier, l'entreprise tente de s'adapter à la nouvelle donne économique qui frappe les échanges avec les États-Unis.

Elle n'est pas la seule. En 2007, les exportations québécoises en direction sud ont diminué de 8,1%, la baisse la plus forte des 20 dernières années.

Pour Chantiers Chibougamau, dont la vaste majorité des produits sont destinés au marché américain, la baisse est encore plus significative, selon le porte-parole Frédéric Verreault.

«Les mises en chantier ont diminué de plus de 50% aux États-Unis, explique M. Verreault. La baisse de demande pour nos produits est à peu près du même ordre.»

Trio d'obstacles

La conjugaison de trois obstacles rend la vie difficile aux exportateurs québécois: l'économie américaine ralentit, les Chinois sont de plus en plus présents aux États-Unis et la force du huard diminue l'attrait des produits d'ici.

Comme si ce n'était pas assez, il y a une forte montée du protectionnisme dans les milieux commerciaux américains, indique l'économiste Pierre Fortin, de l'UQAM.

Entre 2000 et 2007, les exportations vers les États-Unis ont diminué de près de 18%. Or, la hausse de 65% des exportations vers les autres pays ne suffit pas à compenser cette baisse, tellement la dépendance aux acheteurs américains est forte.

En 2007, la valeur des exportations du Québec vers les États-Unis était de 52 milliards, près de trois fois plus que la valeur des exportations vers le reste de la planète.

Diversification

La forte diminution des exportations n'est pas une surprise, mais elle rappelle l'urgence d'agir.

Dans une récente note économique, Desjardins propose de diversifier les marchés d'exportations en tournant le regard vers d'autres pays du monde, mais aussi vers le reste du Canada.

«On doit faire de la prospection de marché, dit Joëlle Noreau, économiste principale chez Desjardins. On ne peut pas demander aux Européens d'acheter nos produits s'ils ne savent même pas qu'on existe.»

Le président-directeur général des Manufacturiers et exportateurs du Québec, Jean-Luc Trahan, voit les choses du même oeil. «Il faut miser sur le marketing international.»

Au moins, le Québec a de bonnes bases. «C'est déjà la province qui exporte le plus vers l'Europe», rappelle Pierre Fortin.

Selon Joëlle Noreau, la situation des exportations est préoccupante, mais il n'y a pas à jeter l'éponge. «Il faut être vigilant», ajoute-t-elle.

Chantiers Chibougamau a suivi le conseil. L'entreprise a répondu au trio d'obstacles en mettant de l'avant un trio de solutions: elle s'est affairée à offrir un panier de produits plus large au Québec, à renforcer sa position dans l'Ouest canadien et à créer une filiale de distribution pour la mise en marché aux États-Unis.

«On a pris le taureau par les cornes», dit Frédéric Verreault.