En maintenant ses 350 syndiqués en lock-out malgré l'annonce publique de la fermeture de son usine de Trois-Rivières, en Mauricie, l'usine d'aluminium Aleris contrevient aux lois québécoises.

En maintenant ses 350 syndiqués en lock-out malgré l'annonce publique de la fermeture de son usine de Trois-Rivières, en Mauricie, l'usine d'aluminium Aleris contrevient aux lois québécoises.

Voilà la première conclusion rendue publique mercredi par la Commission des normes du travail, mandatée par le gouvernement du Québec pour faire la lumière sur le comportement de la multinationale américaine.

Effectivement, l'entreprise se refuse toujours à faire parvenir les avis de licenciement officialisant la fin des activités au complexe industriel du secteur Cap-de-la-Madeleine.

Ce silence avait fait perdre patience à Québec. En conséquence, la commission prend les grands moyens pour forcer Aleris à respecter ses obligations.

«On prétend que la loi n'a pas été respectée», a estimé l'avocat de l'organisme gouvernemental, Guy Poirier.

«Notre première conclusion est à l'effet qu'il ne s'agit pas d'un lock-out, mais bien d'un licenciement collectif, en date du 12 juillet. Reste à déterminer les montants qui devront être versés à chacun des salariés», a ajouté l'avocat.

De fait, cette décision attendue enclenche du coup le versement des préavis prévus lorsque surviennent de tels congédiements massifs (300 personnes et plus). Selon la loi, les syndiqués devraient empocher seize semaines avec plein salaire.

Aussi, la position de la commission permet aux différents programmes d'aide, de reclassement et d'accès à la formation offerts par Emploi-Québec de prendre leur envol.

«On va mettre un comité de reclassement en place. On ne laissera pas tomber un seul travailleur. On va être là pour ceux et celles qui ont besoin d'aide pour l'orientation, pour établir leur compétence et essayer de trouver un nouvel employeur», a commenté le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Sam Hamad.

D'ailleurs, le 5 août, une rencontre est prévue entre tous les intervenants régionaux du ministère et le syndicat des travailleurs de l'usine Aleris. D'ici là, une présence sera toujours observable sur les piquets de grève.

La présidente de la CSN, qui avait réclamé une intervention de Québec en ce sens, était somme toute satisfaite mercredi.

«Ce n'est pas que l'on souhaitait la fermeture, mais il vient un temps où la situation doit être claire», a affirmé Claudette Carbonneau.

Or, si les employés semblent désormais fixés, Aleris pourrait toujours porter le dossier devant les tribunaux, ce que craint la CSN. Dans les faits, plus de 5 millions $ sont en jeu, compte tenu des sommes à verser aux travailleurs.

«Tout ce que j'espère, c'est qu'on ne va pas judiciariser ce dossier-là à outrance. J'invite Aleris à être bon joueur», a ajouté Mme Carbonneau.

À cela, Aleris a répondu qu'elle souhaitait «analyser la situation».

En fin de journée mercredi, le porte-parole patronal au Québec de la firme Ogilvy Renault, Me Marc Benoit, a refusé de prendre position, prétextant ne pas avoir reçu la confirmation officielle de la Commission des normes du travail.

S'ils ont obtenu une première victoire mercredi, les syndiqués de l'usine de transformation d'aluminium se lancent dans une nouvelle bataille, celle de la relance des installations.

La CSN entend mobiliser toutes ses énergies pour qu'un tel projet se concrétise.

«On espère que l'entreprise va se placer en position de revendre l'entreprise», a insisté Claudette Carbonneau.