La classe politique québécoise tout entière va user de son pouvoir «d'influence» auprès du CRTC pour empêcher la fermeture du service d'information du réseau TQS, a fait valoir mercredi le premier ministre Jean Charest.

La classe politique québécoise tout entière va user de son pouvoir «d'influence» auprès du CRTC pour empêcher la fermeture du service d'information du réseau TQS, a fait valoir mercredi le premier ministre Jean Charest.

L'annonce de l'abolition prochaine des bulletins de nouvelles de TQS par la société Remstar a causé mercredi une onde de choc à Québec, où les leaders politiques ont dénoncé sans réserve la décision du nouvel acquéreur du mouton noir de la télé.

L'Assemblée nationale a d'ailleurs adopté une motion unanime enjoignant «le gouvernement du Québec à exiger du CRTC de maintenir le service des nouvelles» de la station privée.

Que ce soit au Parlement ou auprès d'employés de TQS en désarroi, Jean Charest, Mario Dumont et Pauline Marois ont profité de toutes les tribunes médiatiques disponibles mercredi pour plaider en faveur de la diversité des sources d'information, spécialement dans les régions du Québec.

Comme il s'agit d'un dossier qui relève de la compétence exclusive du gouvernement fédéral, le premier ministre Charest a promis de «livrer une bataille» auprès du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) pour qu'il empêche Remstar de saborder le service d'information de TQS.

«On est devant un cas très précis où le fait de parler d'une seule voix et unanimement fera une différence dans les décisions qui seront prises», a dit M. Charest, en Chambre, peu avant l'adoption de la motion.

Si le CRTC n'entend pas la voix du Québec, c'est le gouvernement fédéral qui devra intervenir, a insisté le premier ministre.

«Je pense qu'il faut dès aujourd'hui dire au Parlement fédéral et au conseil des ministres fédéral qu'ils ont un droit de regard. Le conseil des ministres peut même demander une révision des décisions du CRTC. Il faut dès aujourd'hui les aviser qu'on a l'intention d'aller jusque-là s'il faut», a-t-il dit.

«Quand vient le temps d'octroyer une licence, nous avons un droit de regard», a acquiescé de son côté la ministre fédérale Josée Verner, venue rencontrer des employés de TQS dans la capitale.

Prudente, la ministre de Patrimoine canadien a toutefois ajouté qu'il était trop tôt pour présumer de l'issue du débat.

«Le CRTC n'a même pas encore été saisi d'une requête», a précisé Mme Verner.

Cette dernière a demandé à l'organisme fédéral de la tenir au fait des développements dans ce dossier.

La perte annoncée d'une source d'information, bien présente en région, est un «drame» pour le Québec, a pour sa part soulevé le chef de l'opposition officielle Mario Dumont.

«Un grand réseau d'information présent partout, avec des stations régionales, ça ne se construit pas en un jour. Le jour où on l'a, on a quelque chose de précieux entre les mains, et il n'y a aucun doute que les Québécois y tiennent», a-t-il clamé à l'Assemblée nationale.

S'il y a autant péril en la demeure, c'est que le gouvernement Charest ne s'est jamais donné la peine de revendiquer des pouvoirs accrus en matière de télécommunication, a poursuivi le chef de l'Action démocratique.

«Depuis plusieurs années, de notre côté, on défend l'importance que le Québec ait des pouvoirs et là, le CRTC va être seul avec ça», a-t-il déploré.

La chef péquiste a saisi la balle au bond. Il est plus que temps, a-t-elle argué, que le Québec cesse de se faire dicter par le fédéral les règles de fonctionnement des entreprises de communication.

«Le Québec ne peut laisser à d'autres le contrôle de la programmation des médias électroniques sur son territoire», a dit Pauline Marois.

À défaut de pouvoir trancher le débat, le gouvernement québécois devra encore entreprendre «un pèlerinage obligatoire à Ottawa pour faire valoir la différence ou les intérêts du Québec devant le CRTC», a-t-elle dit.

Le CRTC va tenir une audience publique en juin sur la transaction Remstar-TQS.