L'industrie du jeu vidéo pourrait se transformer en vaste jeu de Pac-Man depuis que Vivendi a avalé Activision pour créer le nouveau numéro un mondial, estiment certains analystes.

L'industrie du jeu vidéo pourrait se transformer en vaste jeu de Pac-Man depuis que Vivendi a avalé Activision pour créer le nouveau numéro un mondial, estiment certains analystes.

Et les rumeurs veulent maintenant qu'Electronic Arts cherche à regagner son titre de champion du monde... en avalant son concurrent Ubisoft.

Electronic Arts et Ubisoft, qui possèdent tous deux des studios à Montréal, n'ont pas voulu commenter les spéculations, lundi, ni expliquer l'impact que pourrait avoir une telle acquisition sur l'industrie montréalaise.

Mais les rumeurs ont propulsé l'action d'Ubisoft à la Bourse de Paris, qui est partie en flèche hier matin avant de s'essouffler pour finalement clôturer en hausse de 5,27%.

Un nouveau leader mondial du jeu vidéo est né dimanche quand le groupe français Vivendi a mis la main sur son rival américain Activision, producteur du populaire jeu Guitar Hero.

Vivendi transformera les actions de sa division de jeux vidéo en action d'Activision pour une valeur de 8,1 milliards US ; elle investit aussi 1,7 milliard US en espèces pour acquérir des parts d'Activision.

Conséquence: Vivendi contrôlera 52% d'Activision et crée un nouveau géant – Activision Blizzard – dont les ventes annuelles sont estimées à 3,8 milliards US, comparativement à 3,5 milliards US pour l'américaine Electronic Arts.

«Electronic Arts a maintenant un concurrent, a commenté Michael Pachter, analyste chez Wedbush Morgan Securities. Il n'y a plus une entreprise qui s'impose clairement comme la numéro 1 et le numéro 2. Il y en a deux qui sont dominantes.»

D'où l'idée qu'Electronic Arts cherche à regagner son titre en avalant Ubisoft. L'américaine est déjà propriétaire de 15,4% de son rival et contrôle 25% de ses actions votantes depuis un investissement réalisé en 2005 et qualifié «d'hostile» par Ubisoft à l'époque.

Ubisoft a depuis toujours réitéré son désir de demeurer indépendante.

«Les fondateurs d'Ubisoft ne sont pas désireux de vendre, à notre avis, et Electronic Arts est opposée à une offre hostile», ont indiqué des analystes de la Deutsche Bank, soulignant de plus qu'Electronic Arts est actuellement occupée à digérer des acquisitions récentes, «ce qui devrait éloigner la direction du groupe d'Ubisoft, au moins à court terme».

Chose certaine, la transaction Activision-Vivendi est «sans précédent» et envoie un «fort signal de consolidation», croit Laurent Michaud, analyste à la firme française de consultants IDATE,

Les noms des groupes américains THQ et Take-Two Interactive circulent comme cibles possibles, tandis que producteur britannique SCI Entertainment – derrière le succès de Lara Croft – cherche quant à lui un investisseur et pourrait se retrouver au centre d'une bataille pour une prise de contrôle.

Pour Jean-Pierre Faucher, directeur aux partenariats et à l'investissement chez Alliance NumeriQc (le réseau d'affaires du multimédia québécois), il n'est pas surprenant de voir tant d'activité dans l'industrie du jeu vidéo.

«Le jeu vidéo est le secteur du divertissement qui connaît la plus forte croissance depuis quelques années, et c'est un marché qui commence à mûrir», souligne-t-il.

Selon la firme comptable PricewaterhouseCoopers, l'industrie a généré pour 31,6 milliards US en 2006 et est appelée à croître de 9,1% par année pour atteindre 48,9 milliards US en 2011.

Du côté de la firme montréalaise A2M, qui emploie environ 30 employés et obtient des contrats d'entreprises comme Vivendi, Activision, Ubisoft et Electronic Arts, on ne voit pas d'un mauvais oeil la consolidation qui semble se dessiner dans l'industrie.

«Je suis content que les éditeurs deviennent de plus en plus solides et plus gros. Ça ne veut pas dire qu'ils n'auront pas besoin de nous plus tard. Peut-être que plus ils sont gros, plus ils auront besoin de nous», lance Rémi Racine, président et producteur de la firme, qui explique être sollicité par toutes sortes d'offres depuis des années... mais ne pas être à vendre.