Y a-t-il vraiment des parents qui ont les moyens de verser 50 000$ d'un coup sec dans le régime d'épargne-études de leur poupon?

Y a-t-il vraiment des parents qui ont les moyens de verser 50 000$ d'un coup sec dans le régime d'épargne-études de leur poupon?

Avec une carrière en démarrage, une maison à payer, des enfants à élever et peut-être encore leurs propres dettes d'études à rembourser, tout porte à croire que bien peu de parents pourront profiter de cette nouvelle ouverture.

Dans son dernier budget, le gouvernement fédéral a effectivement assoupli les règles des régimes d'épargnes.

Il est désormais possible d'injecter jusqu'à 50 000$, en une seule année, dans le régime enregistré d'épargne-études (REEE) d'un enfant. Cela permet donc de bénéficier d'une vingtaine d'années de rendement annuel composé à l'abri de l'impôt.

Mais en versant un montant unique, on renonce à majeure partie des subventions. Pour donner un coup de main aux parents, le fédéral offre 20% du montant annuel qu'ils économisent, et Québec ajoute 10%. C'est un rendement automatique de 30%. Difficile de dire non!

Les parents qui épargnent 2500$ par année vont chercher la subvention annuelle maximale de 750$ pour les deux paliers de gouvernements.

Dilemme: Vaut-il mieux placer 50 000$ d'un coup sec ou investir 2500$ par année? Dès lors que la possibilité existe, la question se pose et il n'en faut pas plus pour que les passionnés de fiscalité se lancent sur leur calculatrice!

Suivons leurs scénarios Thomas sort à peine de la pouponnière que ses parents, Louis et Isabelle, touchent un héritage de 50 000$.

Disons qu'ils mettent tout ce montant dans un REEE. Ils obtiendront une subvention de 750$ la première année. Ensuite, zéro. Au bout de 20 ans, avec un rendement de 6%, le REEE vaudra 162 762$ calculent, Sylvain Chartier et Daniel Laverdière, de Planification financière Banque Nationale.

Étudions leur deuxième option. D'abord, il faut calculer la valeur dans 20 ans des dépôts (2500$) et de subventions (750$) annuels, toujours avec le même rendement de 6%.

À noter que le montant total des subventions est plafonné à 10 800$ par enfant, pour toute sa vie, soit l'équivalent de 30% sur 36 000$. Même si on investit 50 000$ graduellement, il y aura toujours un montant de 14 000$ ne sera pas subventionné.

Alors autant ajouter ce montant dans le REEE dès le départ, question de profiter de l'abri fiscal, suggère M. Laverdière. Le versement de la première année sera donc de 16 500$ (14 000$ + 2500$ qui sera subventionné).

Le reste de l'héritage sera investi dans un compte non enregistré qui rapportera 3,8%, compte tenu de l'impôt. Chaque année, Louis et Isabelle n'auront qu'à déplacer 2500$ de ce compte vers le REEE.

Au total, les deux comptes vaudront 165 792$ après 20 ans. C'est 3030$ de plus que dans le premier scénario. Conclusion, rien de sert de se presser pour investir dans le REEE. Ceci dit, la différence est mineure.

«Il n'y a aucune des options qui est très mauvaise, résume M. Laverdière. Un choix ou l'autre, il ne faut pas devenir fou avec ça! L'important, c'est de réussir à épargner. Vous avez accumulé 1000$, bravo!», lance-t-il.

Reste à savoir si les enfants auront vraiment le goût d'étudier et s'ils auront besoin de tant d'argent. À moins que votre petit génie fasse des études post-doctorales à l'étranger (auquel cas, il pourrait fort bien obtenir des bourses), il n'est pas clair que ses études coûteront 16 5000$.

En fait, en considérant tous les bonbons fiscaux auxquels ont droit les étudiants, les études reviennent moins chères qu'on pense, surtout pour les enfants qui demeurent chez leurs parents durant leurs études.