Sherry Cooper le disait depuis quelques temps: pour un Canadien, le climat n'a jamais été aussi propice à l'achat d'une résidence en Floride. Cet automne, la stratège en chef aux Marchés des capitaux BMO a mis son propre conseil en pratique: elle a acheté deux condos pour sa famille, près de Sarasota, sur la côte Ouest.

Sherry Cooper le disait depuis quelques temps: pour un Canadien, le climat n'a jamais été aussi propice à l'achat d'une résidence en Floride. Cet automne, la stratège en chef aux Marchés des capitaux BMO a mis son propre conseil en pratique: elle a acheté deux condos pour sa famille, près de Sarasota, sur la côte Ouest.

«Un, le dollar canadien est fort. Deux, le marché immobilier en Floride est extrêmement faible. Il y a un stock incroyable de maisons à vendre. Il y a des aubaines partout», dit Mme Cooper.

Depuis un an, le prix des maisons en Floride s'est écrasé de 8%, rapporte la Florida Association of Realtors. Mais dans certaines régions comme Naples, Fort Myers et Cape Coral, les prix ont dégringolé de presque 30%.

En fait, la Floride est particulièrement ébranlée par la crise des hypothèques à risque (subprime) qui traverse les États-Unis, car c'est aussi l'un des états où la bulle immobilière s'était gonflée le plus.

Le prix des maisons en Floride avait plus que doublé en cinq ans. Prenons un exemple concret: un complexe de condos de la région de Hollywood, où beaucoup de Québécois sont établis.

Durant les années 90, le prix d'un condo y est demeuré stable, à environ 70 000$ US. Puis, les prix ont commencé leur ascension: 83 000$ US en 2000, 95 000$ US en 2001, 150 000$ en 2003, dit Yves Beauchamp, courtier immobilier à World Realty Net et copropriétaire du journal le Soleil de la Floride.

«En 2005, les prix ont atteint 235 000$US. Ils sont restés en haut de 200 000$US en 2006. Et maintenant, ils sont en baisse de 10% par rapport au sommet», constate-t-il en scrutant ses bases de données.

Mais à cause de l'envol du huard, les Canadiens ont beaucoup d'argent dans leurs poches aujourd'hui. Pour eux, les maisons en Floride sont presque aussi abordables qu'en 2001, comme le démontre notre tableau.

Du choix et des aubaines

Présentement, les acheteurs ont le beau jeu. Le marché est mort: le nombre de transactions a fondu de 54% par rapport au sommet de 2005.

C'est bien plus que la baisse de 33% enregistrée à l'échelle des États-Unis, souligne Yanick Desnoyers, économiste principal à la Financière Banque Nationale.

Pas étonnant que les courtiers immobiliers en Floride broient du noir sauf ceux qui ont une clientèle canadienne.

«Je suis occupée, c'est incroyable, incroyable. Ça va miraculeusement bien cet automne», confirme Marleyne Ratté, courtier immobilier depuis 20 ans en Floride.

Ce n'est pas le choix qui manque. Ni les aubaines. «Ici, les gens peuvent acheter une maison pour le prix d'un condo», affirme Mme Ratté, en entrant dans un club privé doté de sa propre marina, à Fort Lauderdale.

De part et d'autre de l'allée principale, bordée de palmiers, sont dispersées une soixantaine de maisons. Celles qui sont situées directement au bord de l'intercoastal, se vendaient jusqu'à 800 000 $ US en 2005. Les autres valaient environ 550 000 $ US.

«Aujourd'hui, on peut en acheter une à 390 000 $ US, dit Mme Ratté. C'est exceptionnel!»

À quand l'éclaircie?

Reste à savoir si les prix baisseront davantage. Pour l'instant, le marché est en déséquilibre, constate M. Desnoyers.

La demande n'est pas près de rebondir car les banques ont resserré leurs conditions de crédit. L'offre s'est ajustée, comme en témoignent les demandes de permis de construction, qui se sont évaporées de 75% depuis leur sommet.

«On peut dire que les constructeurs en Floride ont réagi plus fortement qu'ailleurs aux États-Unis, où les demandes de permis ont baissé de 48%. Mais le prix des maisons avait augmenté deux fois plus en Floride, et la hausse a duré plus longtemps», précise M. Desnoyers.

Il ne faut pas s'attendre à une éclaircie avant la mi-2008, estime Mme Cooper. Pas avant que tous ceux qui ont signé une hypothèque «exotique» arrivent à la fin de leur période de deux ans de taux d'intérêt promotionnel... et soient forcés de remettre les clés à la banque.

Déjà, les saisies de maisons (foreclosures) ont explosé de 400% depuis le premier trimestre de 2006, relève M. Desnoyers.

«Pour un Canadien, il ne faut pas avoir peur de négocier très serré, dit-il. On peut commencer à magasiner. Mais il n'y a pas d'urgence de sauter sur la première maison qu'on voit.»