Si la croissance est vraiment en panne aux États-Unis, tout doit être mis en oeuvre pour la relancer.

Si la croissance est vraiment en panne aux États-Unis, tout doit être mis en oeuvre pour la relancer.

Au cours de la semaine, la Réserve fédérale américaine (Fed) a surpris le monde entier avec une baisse impromptue de 75 points centésimaux de son taux directeur, du jamais vu depuis 1984.

À l'époque, le taux cible auquel les banques se prêtent pour une journée dépassait allègrement les 10%. Bien qu'importante, une baisse de 75 centièmes ne pouvait pas avoir l'impact de celle annoncée cette semaine.

En plus, 1984 était une année de reprise économique. L'optimisme rayonnait, car les États-Unis pressentaient qu'ils gagnaient la guerre froide.

Le geste fait par la Fed mardi matin se veut beaucoup plus dramatique dans un climat de pessimisme. Il porte à 175 centièmes l'ampleur de la détente amorcée depuis l'été et, à 225 points, l'allégement du taux d'escompte. Il s'agit du rendement exigé par la Fed des banques à qui elle prête.

L'objectif poursuivi est à la fois simple et ambitieux: inciter à nouveau les institutions financières à prêter aux ménages et aux entreprises.

«Les autorités commencent à mieux comprendre les cycles économiques, fait remarquer François Dupuis, vice-président et économiste en chef chez Desjardins. Les taux reculent d'environ 2% alors qu'il n'y a pas de repli du marché de l'emploi encore.»

Depuis l'éclatement de la crise du crédit en août, les banques américaines (et dans une bien moindre mesure, canadiennes) accumulent les pertes.

Elles se montrent désormais réfractaires au risque. Elles exigent davantage, même de leurs meilleurs clients, car les investisseurs sont plus réticents à leur avancer les liquidités dont elles ont absolument besoin pour la poursuite de leurs affaires.

L'épargne ne suffit pas à répondre à leurs besoins.

En sabrant ses taux directeurs, la Fed entend faciliter le crédit aux banques. Même si elles réclament des écarts plus élevés qu'à l'été entre le taux qu'elles payent pour emprunter et celui auquel elles prêtent, leurs clients payeront moins dans la mesure où les banques lèveront de l'argent à moindre coût.

Ainsi la Fed cherche à dénouer la crise du crédit et à redonner un peu de confiance aux ménages et aux entreprises.

Ces jours-ci, à 3,5% le taux des Fed Funds est inférieur au taux d'inflation.

L'allègement va sans doute se poursuivre mardi avec une nouvelle diminution de 50 centièmes, escomptent les marchés financiers.

Si la Fed ne la livrait pas, elle tuerait dans l'oeuf la fragile confiance qu'elle a voulu restaurer mardi en devançant sa décision pour endiguer la débandade boursière subie en Asie, en Europe et au Canada. Les Bourses américaines étaient fermées lundi, en raison du Martin Luther King Day.

Cette débandade avait été provoquée par l'annonce mal ficelée du plan de relance de 150 milliards de l'administration Bush, le vendredi précédent. On faisait état d'un délai de 35 à 40 jours avant sa ratification par le Congrès à majorité démocrate.

Mais les choses se déroulent plus vite. Jeudi, le secrétaire au Trésor Henry Paulson annonçait que l'affaire était dans le sac. Sous peu, 117 millions de familles se partageront un pactole de 100 milliards et les sociétés verront leur fardeau fiscal alléger de 50 milliards.

Si les États-Unis sont déjà en récession, au moins la Fed et Washington auront vite réagi pour les en sortir rapidement.

Plus grand sera leur succès et moins nous souffrirons tous.

Et vice-versa.