L'avionneur européen ATR sort l'artillerie lourde.

L'avionneur européen ATR sort l'artillerie lourde.

Le grand concurrent de Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] sur le marché des turbopropulseurs lance une nouvelle version de sa famille d'appareils.

Bombardier ne s'inquiète pas outre mesure.

«C'est une combinaison de changements technologiques qui ont déjà été annoncés et qu'on met ensemble comme s'il s'agissait d'un nouveau produit, affirme le vice-président au marketing et aux communications de Bombardier Avions régionaux, Trung Ngo. C'est un rattrapage, mais pas à 100%, par rapport à la technologie que nous démontrons depuis huit ans.»

L'analyste Richard Aboulafia, vice-président de la firme américaine de consultation Teal Group, confirme qu'il s'agit essentiellement d'une mise à jour de la famille d'appareils.

«Ce sont des changements mineurs, comme tous les manufacturiers doivent en faire après quelques années», soutient-il en entrevue téléphonique.

La semaine dernière, l'avionneur franco-italien ATR s'était déplacé à Washington pour annoncer le lancement de la série 600, une nouvelle version de sa famille d'appareils de 50 sièges, l'ATR-42, et de 70 sièges, l'ATR-72.

Les appareils de la série 600, qui commenceront à être disponibles au deuxième semestre de 2010, seront dotés d'une nouvelle instrumentation avionique, d'un moteur plus puissant et d'éléments qui amélioreront le confort pour les passagers.

«Le nouvel ATR sera nettement différent de la version précédente, avec un grand nombre d'innovations et de développements issus de l'expérience des opérateurs et des dernières technologies disponibles», a fait savoir le président de l'avionneur européen, Stéphane Mayer.

«Ces développements vont permettre à ATR de proposer un appareil à la pointe de la technologie, respectueux de l'environnement, d'une grande fiabilité, avec un haut niveau de confort tout en affichant le coût par siège le plus bas des avions régionaux.»

Trung Ngo, de Bombardier, affirme qu'essentiellement, ATR a tenté de corriger les déficiences de sa famille actuelle. À son avis, l'avionneur a plus ou moins réussi.

«La technologie d'ATR date d'il y a plus de 20 ans, soutient-il. Lorsque nous avons lancé le Q400, en 1999, nous avons fait des changements majeurs. C'est seulement aujourd'hui qu'ATR introduit ces améliorations. Et si on y regarde de plus près, même avec ces améliorations, la technologie d'ATR n'est pas aussi avancée que la nôtre.»

Il fait valoir notamment que les changements que l'avionneur franco-italien apporte à l'avionique de ses appareils portent surtout sur les instruments qui affichent des données dans le poste de pilotage.

La technologie pour recueillir ces données n'aurait pas changé. Il ajoute que les nouveaux moteurs de l'ATR ne seront pas aussi fiables et coûteront davantage à l'entretien que les moteurs des appareils de la série Q.

Enfin, il souligne que les mesures prises par ATR pour réduire le bruit en cabine ne sont pas aussi efficaces que le système de réduction de bruit et de vibrations des appareils de la série Q.

Selon Richard Aboulafia, ATR n'avait pas le choix et devait apporter des améliorations à ses appareils.

«ATR a fait très bien dans les marchés émergents comme la Chine et l'Inde, mais aux États-Unis, il est pratiquement absent. C'est Bombardier qui a remporté les dernières commandes.»

C'est ainsi qu'au début de février dernier, Continental Airlines a passé une commande pour 15 appareils Q400 auprès de Bombardier.

«Les deux avionneurs ne doivent pas se laisser distancer, tant d'un point de vue technologique que d'un point de vue du marketing», déclare M. Aboulafia.

Le porte-parole de Bombardier Aéronautique, Marc Duchesne, fait observer que les efforts déployés par ATR montrent bien que le marché du turbopropulseur est en plein essor.

Il y a quelques années, les transporteurs évitaient ce type d'appareil parce qu'il avait la réputation d'être bruyant et lent. Or, les nouvelles technologies le rendent plus silencieux et les transporteurs ont réalisé qu'il était aussi rapide qu'un biréacteur sur les trajets courts, et beaucoup plus économique en carburant.

Les commandes d'ATR ont augmenté de 34% au premier semestre de 2006 par rapport à la même période de l'exercice précédent, alors que les commandes de turbopropulseurs de Bombardier ont augmenté de 31%.

Le Q400 a connu des difficultés ces dernières semaines, avec des atterrissages difficiles dans le nord de l'Europe, mais Bombardier a affirmé que ces événements n'auront aucun effet sur les commandes de l'appareil.