La pièce de 100kg de la Monnaie royale canadienne a beau coûter environ 2,9 millions au cours actuel, elle réussit à trouver preneur.

La pièce de 100kg de la Monnaie royale canadienne a beau coûter environ 2,9 millions au cours actuel, elle réussit à trouver preneur.

Cinq exemplaires ont été vendus. Quant aux pièces en argent, on se les arrache.

La fièvre de l'or ne sévit pas que sur les places financières internationales. La Monnaie royale canadienne fait état d'un engouement pour ses pièces en or, dont la dernière-née de 100 kg (3125 onces).

Selon le Livre des records Guiness, la pièce de 100kg est la plus grosse pièce en or au monde. Elle surpasse la Big Phil, pièce autrichienne de 31kg en hommage à la Philarmonique de Vienne.

La pièce canadienne affiche, de surcroît, la valeur nominale la plus importante à 1 million de dollars contre seulement 100 000 euros (149 000$) pour le Big Phil.

Ce million constitue une valeur minimale pour la pièce canadienne. Au prix actuel de l'or, qui a atteint un autre record vendredi à 900,10 $ US l'once, elle se détaille quelque 2,9 millions.

«Au début, l'objectif était de ne produire qu'une pièce de 100 kg. Celle-ci devait servir dans le cadre d'expositions afin de promouvoir la qualité et le degré de pureté de nos pièces», explique Alexandre Reeves, chef des communications à la Monnaie royale.

Les Feuilles d'érables sont pures à 99,999%.

Cinq pièces vendues

L'intérêt manifesté par d'éventuels acheteurs a cependant incité la Monnaie royale à commercialiser la pièce de 100 kg. Cinq pièces ont déjà été vendues, explique le porte-parole de la Monnaie royale.

La Presse Affaires a obtenu le nom de deux acheteurs de cette pièce. A-M Mark, un important joaillier et négociant de pièces précieuses californien, s'en est procuré trois exemplaires, tandis que J&M Coins and Jewellery, un joaillier de Vancouver, en a acheté une.

Un total de six pièces a été fabriqué ; la Monnaie royale conservant la pièce originale. Celle-ci sera d'ailleurs l'attraction principale de l'exposition Or des Amériques à compter du 30 avril à Québec dans le cadre du 400e anniversaire de la Capitale nationale.

La pièce mesure 53 cm de diamètre et 3 cm d'épaisseur, soit autant, voire plus, qu'une pizza.

En 1979, la Monnaie royale canadienne s'est lancée dans l'aventure des pièces d'investissement en or, en argent ou en platine pour profiter de la baisse de popularité du Krugerrand sud-africain, la pièce préférée des investisseurs depuis son lancement en 1967.

Elle émet depuis des pièces de 1/20, 1/10, un quart, une demi et une once d'or ainsi que des pièces en argent et en platine.

L'embargo

«Les ventes de pièces en provenance d'Afrique du Sud, premier producteur mondial d'or, périclitaient à cause de l'embargo des pays occidentaux», rappelle Jon Nadler, analyste en métaux précieux chez Kitco, un négociant en métaux précieux de Montréal.

Rappelons qu'il était interdit dans plusieurs pays d'acheter des Krugerrand à cause de l'embargo en réaction à l'Apartheid, la politique de ségrégation raciale alors en vigueur en Afrique du Sud.

La «Feuille d'érable» canadienne, de son véritable nom, arrivait donc à point.

D'autant plus qu'elle possédait alors un degré de pureté de 99,9% (24 carats) contre seulement 91,6% (22 carats) pour le Krugerrand.

Les affres du temps

Encore aujourd'hui, le Krugerrand subit les affres de ce temps révolu.

«Les négociants en pièces ou en métaux précieux rachèteront vos Krugerrand à escompte car ils devront faire fondre ceux-ci et les revendre comme lingots puisqu'il n'y a pratiquement plus de demande pour les pièces sud-africaines», observe M. Nadler.

La communauté financière y a été de ses suggestions pour relancer la demande pour les pièces d'Afrique du Sud.

«Nous leur avons proposé de frapper une pièce de 24 k à l'effigie de Nelson Mandela et de lui attribuer le nom de ce héros de la lutte contre l'Apartheid», raconte avec un brin d'amusement M. Nadler.

Depuis le lancement de la Feuille d'érable, le Canada a vendu plus de 25 millions d'onces d'or. Soit, au cours actuel de l'or, 22,5 milliards de dollars

Un engouement pour l'argent

«Au début de décembre, nous avions déjà franchi le cap des 3 millions de pièces d'argent vendues pour 2007», se réjouit Alexander Reeves.

Selon Jon Nadler, la plus grande popularité de l'argent s'explique par le comportement des spéculateurs.

«Lorsque les cours des métaux précieux s'envolent, on constate que les spéculateurs privilégient souvent l'argent à l'or car le cours du premier tend à augmenter plus rapidement en pourcentage», explique-t-il.

Dans les années 70, les frères Hunt avaient réussi à propulser les prix de l'argent de quelques dollars à plus de 50$ en l'espace de quelques mois. Les frères texans avaient acheté assez d'argent, à crédit évidemment, pour influencer le cours du métal.

Leurs achats massifs d'argent faisaient augmenter les cours et servaient de garantie pour acheter encore plus d'argent.

L'argent se négocie actuellement aux environs de 16$ l'once.