Le comité de relance de l'usine Magnola a demandé hier un ultime délai de trois mois avant le démantèlement des installations.

Le comité de relance de l'usine Magnola a demandé hier un ultime délai de trois mois avant le démantèlement des installations.

Selon Mario Morand, porte-parole du comité, cinq groupes miniers internationaux ont démontré un certain intérêt envers l'usine depuis un mois. «On veut au moins leur laisser la chance de finir leur investigation.»

Le comité de relance, formé l'automne dernier, s'est lancé dans un véritable sprint pour sauver l'usine de production de magnésium. Au début du mois de février, il a distribué à 14 sociétés internationales un prospectus décrivant les caractéristiques de Magnola.

Cinq groupes ont accepté de consulter le document, et certains ont même rappelé pour poser des questions supplémentaires, a dit M. Morand.

Une faible lueur d'espoir subsiste, mais le temps presse. Magnola a cessé ses activités il y a plus de quatre ans, et le propriétaire Xstrata a annoncé sa fermeture définitive en août dernier. Le démantèlement est imminent, même si aucune date butoir n'a été fixée.

«Tout dépend de comment nos travaux de dressage d'inventaire évoluent, de quand on décide d'aller chercher des offres et de quand ces offres-là se réalisent», a indiqué Louis-Philippe Gariépy, directeurs des affaires corporatives de Xstrata pour le Canada.

La machinerie pourrait être vendue à la pièce ou en lots, a souligné M. Gariépy.

Magnola n'a jamais été rentable pendant sa courte histoire, de septembre 2000 à janvier 2003. Les dirigeants ont blâmé l'arrivée subite de nombreux producteurs chinois - et son influence à la baisse sur les cours du magnésium - au moment de la fermeture.

Le portrait est différent aujourd'hui. Les cours du magnésium ont presque triplé depuis deux ans sur les marchés, passant d'un peu mois de 1600$US la tonne métrique à 4400$.

Xstrata est consciente de cette remontée, mais estime malgré tout que la production à Asbestos est non viable. «Vous pouvez être sûr qu'on l'a considérée, et notre conclusion est que non, ça ne se fait pas, malgré ça», a affirmé Louis-Philippe Gariépy.

La forte hausse du huard et des coûts de l'énergie ont eu un impact significatif sur la rentabilité de toutes les activités de Xstrata au Canada, a soutenu le porte-parole.

Enthousiasme mitigé

Les efforts du comité de relance ont soulevé un enthousiasme timide dans la région, mercredi.

«C'est un dossier où j'ai un optimisme qui est très modéré, a indiqué à La Presse Affaires Yvon Vallières, député de Richmond. Je veux demeurer réaliste là-dedans, parce que depuis la fermeture, personne n'a couru à notre porte spontanément pour nous dire qu'il était intéressé.»

Le député rappelle que l'usine de magnésium Norsk Hydro, située à Bécancour, n'a pas non plus réussi à trouver de repreneur après sa fermeture.

Jean-Philippe Bachand, maire d'Asbestos, s'est pour sa part dit habité par un «optimisme réaliste». «Je dirais qu'à la fin juin, les dés vont être jetés. C'est bien beau de garder espoir, mais à un moment donné, il faut regarder la réalité.»

La Ville cherche à trouver un preneur pour les immenses locaux de Magnola, une démarche parallèle à celle du comité de relance.

Ces installations, modernes et branchées au réseau de gaz, pourraient être utilisés à d'autres fins industrielles que la production de magnésium, a souligné M. Bachand. L'évaluation municipale de l'usine s'élève à 35 millions, a-t-il dit.

Investissements massifs

La relance de Magnola, si jamais elle se produit, ne sera ni facile ni abordable, reconnaît Mario Morand, du comité de relance.

L'acheteur devra investir une centaine de millions, en plus de s'occuper de la décontamination découlant de ce type d'activité.

«Il faut recruter de la main-d'oeuvre, la former, mettre à niveau l'équipement, roder l'usine, a-t-il expliqué. Il faut que la compagnie s'attende à investir 100 millions avant que ça commence à rapporter.»

La Société générale de financement, qui détient 20% de l'usine Magnola, n'a pas commenté les plus récents développements, mercredi.

La porte-parole nous a référé au communiqué diffusé par Xstrata à la fermeture définitive de l'usine, en août dernier. La SGF a radié l'essentiel de son placement en 2003.

Le projet Magnola a été lancé au départ par la minière Noranda, puis racheté en 2005 par la torontoise Falconbridge. Cette dernière entreprise a été rachetée l'année suivante par la suisse Xstrata.