La crise du marché du crédit depuis un an a coûté au moins 920 millions de dollars en pertes spéciales aux principales caisses de retraite des employés fédéraux, incluant les Forces armées et la GRC.

La crise du marché du crédit depuis un an a coûté au moins 920 millions de dollars en pertes spéciales aux principales caisses de retraite des employés fédéraux, incluant les Forces armées et la GRC.

Et de ce montant significatif, au moins 450 millions sont attribuables à la crise particulière du PCAA (papier commercial adossé à des actifs), constate-t-on dans le rapport annuel tout juste publié par Investissements PSP, principal administrateur des caisses de retraite fédérales.

Au 31 mars dernier, PSP détenait encore pour 1,97 milliard en PCAA en valeur nominale, mais dont la valeur marchande n'était estimée qu'à 1,52 milliard.

L'autre part des pertes spéciales, soit 470 millions, est attribuée par PSP à une «réduction de valeur» d'autres titres financiers mis à mal par la crise: les TGC, ou titres garantis par des créances.

Dans ce cas, au 31 mars dernier, PSP détenait des TGC pour une «valeur notionnelle» de 1,4 milliard. Il s'agit d'une mesure financière particulière qui est utilisée dans le milieu complexe des produits dérivés du crédit.

Par ailleurs, les pertes de la crise du crédit subies par les caisses de retraite fédérales, qui renferment 38,9 milliards d'actifs, se sont avérées telles qu'elles ont fait basculer leur rendement en zone négative.

Ce rendement négatif -perte de valeur nette- s'affiche à moins 0,3% pour leur exercice terminé le 31 mars, selon le rapport de PSP.

Cette perte représente un recul marqué par rapport au rendement annualisé de 9,3% réalisé au cours des quatre dernières années parmi les caisses de retraite administrées par PSP.

Pareil recul est en partie attribuable aux déboires des marchés boursiers et financiers durant plusieurs mois avant le 31 mars dernier.

Néanmoins, on constate à la lecture détaillée du rapport annuel que les caisses de retraite fédérale gérées par PSP ont été affectées davantage que leurs comparables par la crise des titres de crédit.

Rendement médiocre

En fait, leur rendement consolidé et négatif de moins 0,3% s'avère bien pire que le maigre rendement moyen de 1,3% comptabilisé parmi les indices de référence de PSP, selon les types de placements.

Ce rendement négatif s'avère aussi en contradiction directe avec l'objectif officiel de PSP de dégager un «rendement à long terme supérieur de 4,3% à l'inflation».

«Ce rendement négatif représente un recul significatif pour nos caisses de retraite. Et c'est même très sérieux en ce qui concerne les pertes de 920 millions reliées aux titres de crédit comme le PCAA», a déploré James Infantino, principal analyste des caisses de retraite à l'Alliance de la fonction publique.

Ce syndicat représente 130 000 employés du gouvernement fédéral et de ses principales agences, en plus de milliers de retraités.

À la haute direction de PSP, dont les bureaux sont à Montréal, aucun dirigeant n'a voulu commenter hier les résultats au-delà des textes officiels publiés dans le rapport annuel.

«Nous avons participé activement à la restructuration du PCAA (comité Crawford d'investisseurs regroupés par la Caisse de dépôt et placement) et même si nous ne nous en sommes pas tirés indemnes, nous demeurons convaincus que plus de 95% des actifs sous-jacents au PCAA que nous détenons sont de haute qualité», lit-on dans le texte de Gordon Fyfe, président et chef de la direction de PSP.

Mais chez les représentants syndicaux des participants aux caisses administrées par PSP, cette explication ne rassure guère.

«Ces gens qui ont le mandat exclusif d'administrer nos caisses de retraite auraient dû se méfier davantage de titres de spéculation financière comme le PCAA et les TGC«, selon M. Infantino, de l'Alliance de la fonction publique.

Critiques réfutées

«Par ailleurs, PSP a trop longtemps refusé de nous indiquer la taille de ses placements dans le PCAA avant la publication de son rapport annuel. Et en particulier du risque de pertes découlant de la crise de l'an dernier.»

Mais du côté d'Investissements PSP, on réfute ces critiques sur la teneur de l'information divulguée.

«Nous avons suffisamment informé nos interlocuteurs (comités de retraite de la fonction publique, des Forces armées et de la GRC) tel que le prévoit notre loi constitutive adoptée au parlement fédéral", a soutenu Anne-Marie Laurendeau, directrice des relations média chez Investissements PSP.