Il est difficile pour les clients de déterminer si les billets qu'ils détiennent sont chancelants ou même K.-O. L'information n'est pas toujours disponible et elle souvent difficile à interpréter.

Il est difficile pour les clients de déterminer si les billets qu'ils détiennent sont chancelants ou même K.-O. L'information n'est pas toujours disponible et elle souvent difficile à interpréter.

À un point tel que les Autorités canadiennes en valeurs mobilières soulignaient, en 2006, que le développement de structures de billets de plus en plus complexes "posent des risques dont les investisseurs ne sont pas toujours bien informés".

Plus récemment, le ministère des Finances abondait dans ce sens: "La complexité de ces produits fait en sorte qu'il est difficile pour l'investisseur moyen de comprendre pleinement les risques, les frais et le potentiel de rendement."

Les billets sous-exposés

Dans bien des cas, le détenteur réalisera que son billet est K.-O. par déduction, parce que la valeur de son billet a considérablement fondu.

Prenons des billets dotés d'une structure dynamique (souvent ceux qui misent sur des fonds communs) émis en 2007, avec une échéance de sept ans. Si leur valeur a baissé de plus de 17%, on peut dire sans trop se tromper qu'ils se trouvent dans une situation précaire.

Il est probable que leur "niveau d'exposition à l'actif sous-jacent" soit très faible. Le billet est peut-être même totalement désinvesti.

Présentement, les distributeurs de billets ne sont pas tenus d'informer leurs clients sur le niveau d'exposition des billets. Certaines firmes ont des sites web qui contiennent ce précieux renseignement. C'est le cas de la Banque Nationale qui met l'information à jour quotidiennement, et de la Banque CIBC qui le fait mensuellement.

En scrutant leurs bases de données, nous avons repéré certains fonds sous-exposés (voir tableau), dont un totalement désinvesti: le North American Dividend Achievers, série 1, dont la valeur a baissé de 100$ à 84,10$ depuis son émission il y a un an.

De son côté, la Banque Royale doit lancer d'ici peu un nouveau site internet sur les billets. Mais en attendant, son site actuel ne contient pas toute l'information.

Les responsables de RBC ont assuré La Presse qu'aucun de leurs billets n'était en dessous de 10% d'exposition. Deux sont en dessous de 20%, mais RBC n'a pas voulu les identifier.

Mais c'est la Banque de Montréal qui a émis le plus de billets dotés d'une structure dynamique: plus de 150 billets, soit les trois quarts de tous les billets qu'elle a lancés.

Le site de la Banque de Montréal ne contient pas les degrés d'exposition. "Aucun de nos billets n'est totalement désinvesti", a affirmé Luke Seabrook, responsable des produits structurés. Mais cinq billets sont exposés à 25% ou moins (voir tableau).

De son côté, la firme torontoise One Financial divulgue l'information sur son site internet, mais elle n'est pas à jour. En date du 31 décembre dernier, plusieurs de ses billets étaient exposés à moins de 25%. La culbute des marchés au premier trimestre a certainement grugé ce pourcentage.

Patienter ou vendre à perte?

Les investisseurs qui ont un billet chancelant ou K.-O. dans leur portefeuille, font face à un choix déchirant.

Ils peuvent patienter jusqu'à l'échéance du billet dans plusieurs années pour récupérer leur capital.

Mais au lieu d'attendre, ils peuvent aussi vendre leur billet immédiatement et encaisser leur perte, quitte à racheter un billet semblable d'une série subséquente qui sera pleinement exposé à la performance des marchés.

Si les marchés végètent, ils auront abandonné leur garantie pour rien. Si les marchés rebondissent, ils auront eu raison. Mais chose certaine, leur perte en capital leur permettra de réduire leurs impôts sur d'autres gains en capital. Mince prix de consolation.