L'entreprise BCIA (Bureau canadien d'investigation et ajustements) veut profiter de la forte demande observée ces dernières années dans l'industrie de la sécurité.

L'entreprise BCIA (Bureau canadien d'investigation et ajustements) veut profiter de la forte demande observée ces dernières années dans l'industrie de la sécurité.

Avant de s'attaquer aux marchés canadien et américain, cette PME lavalloise veut assurer sa présence partout au Québec, y compris dans les villages.

Selon deux dirigeants de l'entreprise rencontrés par La Presse Affaires, «les gens n'ont jamais eu autant besoin de se sentir en sécurité». C'est pourquoi BCIA espère en arriver à poster un agent de sécurité dans chaque village québécois où l'on trouve une caisse pop, un marché d'alimentation ou tout autre commerce.

Entre-temps, la PME utilisera un investissement de 5 millions (consenti par MMV Financial, FIER CPVC et FIER Innovation Durable) pour fonder Centurion, une nouvelle division spécialisée dans le transport de valeur.

Avec ses huit camions blindés, elle se frottera plus que jamais aux G4S, Brinks et autres Garda de ce monde.

D'ailleurs, sommes-nous en train d'assister à la naissance d'un deuxième Garda? BCIA s'en défend, arguant plutôt «vouloir prendre sa place» et devenir un «leader dans les services intégrés».

La PME se définit comme un guichet unique en matière de sécurité. Elle compte quatre divisions. Enfin cinq, si l'on ajoute la nouvelle filiale Centurion.

Marché Central

L'entreprise, qui emménage ces jours-ci dans de nouveaux locaux près du Marché Central à Montréal, emploie près de 700 agents de sécurité et possède une centaine de voitures de patrouille. Cette division représente 70% de ses activités.

Les commerces (certaines succursales de la SAQ par exemple), les institutions (universités, cégeps, etc.) et même des arrondissements de Montréal font appel aux services de BCIA.

À cela s'ajoutent la «division technique», notamment l'installation de systèmes d'alarme ou de caméras, la «division enquête» (enquêteurs privés, filature, etc.), de même que des services de consultants en matière de sécurité. Outillée de la sorte, la PME croit pouvoir prendre d'assaut le marché québécois.

«Nous voulons ouvrir des succursales dans les principales villes québécoises et étendre nos services en région. Nous commençons aussi à pénétrer l'Ontario. Après, ce sera le reste du Canada et les États-Unis, où nous venons d'ouvrir un bureau de consultants à New York», explique Ronald Blanchette, vice-président des opérations et ancien commandant aux enquêtes au service de police de Montréal (SPVM).

Tout comme M. Blanchette, plusieurs employés de l'entreprise de sécurité sont d'anciens policiers ou enquêteurs qui travaillent maintenant comme pigistes. Le fondateur et unique actionnaire de BCIA, Luigi Coretti, est un ancien policier militaire qui a par la suite fait carrière comme expert en sinistres.

À force de se faire demander s'il ne connaissait pas des agents capables de sécuriser ou de surveiller un lieu sinistré, M. Coretti a flairé la bonne affaire et a décidé, en 1998, de lancer sa propre entreprise.

Moins de 10 ans plus tard, la PME à capital fermé compte 800 employés. Depuis trois ans, ses revenus, que les dirigeants refusent de dévoiler, ont connu une croissance frisant les 100%. BCIA fait partie des 124 entreprises de sécurité au Québec, où l'on compte près de 30 000 agents.

Un important marché

Selon Mark Folmer, vice-président au développement corporatif de BCIA, l'industrie nord-américaine de la sécurité représente un marché de quelque 39 milliards.

Avec l'entrée en vigueur prochainement de la Loi 88, adoptée en juin dernier, les dirigeants de BCIA sont persuadés de pouvoir se démarquer. Bref, plusieurs petits acteurs disparaîtront au profit des entreprises mieux structurées.

Cette loi vise entre autres à encadrer les activités de sécurité privée dans les secteurs du gardiennage, de la surveillance ou de la protection de personnes, de la serrurerie, etc.

La direction de BCIA se targue d'avoir créé l'Académie de sécurité canadienne (ASC) qui est, en pratique, une école d'agents de sécurité affiliée au cégep d'Alma.

La PME dit également être l'une des seules entités privées à recevoir de la formation du Service de police de la ville de Montréal (SPVM).

Il faudra donc surveiller BCIA au cours des prochaines années. Sinon, c'est elle qui risque de vous avoir à l'oeil.