Fermeture définitive de l'usine Belgo à Shawinigan. Fermeture temporaire de celle de Donnacona. Suspension du dividende, ventes d'actifs, réouverture des conventions collectives.

Fermeture définitive de l'usine Belgo à Shawinigan. Fermeture temporaire de celle de Donnacona. Suspension du dividende, ventes d'actifs, réouverture des conventions collectives.

AbitibiBowater a servi une véritable pluie de mauvaises nouvelles jeudi aux travailleurs de la forêt. En les avertissant déjà de se préparer... à une deuxième vague.

La papeterie a annoncé une série de coupes qui entraînent 1500 mises à pied, dont 700 au Québec. AbitibiBowater met la clé dans l'usine Belgo de Shawinigan (500 travailleurs), ainsi que dans celles de Dalhousie (Nouveau-Brunswick), de Fort William (Ontario) et de Lufkin (Texas). L'usine à papier de Donnacona, au Québec, est fermée temporairement (200 travailleurs touchés), ainsi que celle de Mackenzie (Colombie-Britannique) avec les deux scieries qui l'alimentent.

À Gatineau, la machine à papier déjà fermée temporairement voit son sort définitivement scellé: ses 187 travailleurs n'y retourneront jamais. En tout, c'est un million de tonnes de papier de moins qui sortiront des usines d'AbitibiBowater d'ici le premier trimestre 2008, soit 10% de la capacité totale.

L'entreprise veut liquider 500 millions d'actifs et faire grimper les synergies découlant de la fusion d'Abitibi-Consolidated et de Bowater de 250 à 375 millions de dollars.

L'entreprise suspend aussi le dividende qu'elle verse à ses actionnaires et demande aux syndicats canadiens de rouvrir les conventions collectives.

«J'espère qu'on arrive à la limite ultime», a lancé un Guy Chevrette qui s'est dit «assommé» par la pluie d'annonces. Mauvaise nouvelle pour le PDG du Conseil de l'industrie forestière du Québec: ça risque de ne pas être terminé.

AbitibiBowater a annoncé que les coupes annoncées hier ne sont que «l'étape 1» du «plan d'action». «Compte tenu des pressions particulières qui s'exercent dans l'Est du Canada en ce qui concerne la disponibilité du bois, l'énergie et la main-d'oeuvre, une deuxième série de fermetures pourrait avoir lieu d'ici le milieu de 2008», écrit l'entreprise dans le communiqué publié jeudi.

Encore le Québec, donc? «Ça se comprend par plusieurs facteurs, répond Pierre Choquette, responsable des communications chez AbitibiBowater. On comprend vite que le dollar canadien a un impact, mais il y a aussi le coût de la fibre au Québec qui est le plus élevé au monde. On regarde avec les gouvernements pour rendre le coût de l'énergie plus compétitif, et on veut regarder avec nos employés ce qu'on peut faire pour réduire le coût de la main-d'oeuvre.»

Renaud Gagné, vice-président pour le Québec du Syndicat des communications, de l'énergie et du papier, représente les 500 employés de l'usine Belgo qui perdront leur emploi le 29 février prochain. «C'est extrêmement décevant pour ces travailleurs qui ont fait énormément d'efforts et de concessions au niveau de leurs conditions de travail et qui voient le couperet tomber quand même», a-t-il dit.

«On savait que l'usine était moins performante et que les coûts de production étaient plus élevés, et c'est pour ça qu'on souhaite depuis des mois et des mois que le gouvernement fédéral intervienne dans notre industrie pour nous permettre de changer notre parc immobilier», a-t-il ajouté.

Quant aux travailleurs qui demeurent, M. Gagné affirme qu'il est trop tôt pour dire comment le syndicat réagira à la demande de rouvrir les conventions collectives.

«On s'attendait à des mesures et on essaie toujours d'imaginer le pire, mais disons que c'est assez important comme annonce", a dit quand à lui Sylvain Parent, de la Fédération des travailleuses et des travailleurs du papier et de la forêt et qui représente les travailleurs de l'usine de Donnacona.

AbitibiBowater indique que la demande de papier journal a chuté de 10% en Amérique du Nord l'an dernier, tandis qu'elle augmentait de 2% sur le marché extérieur. L'entreprise indique d'ailleurs que "malgré ces réductions de capacité, AbitibiBowater prévoit continuer d'accroître ses ventes sur le marché international du papier journal parallèlement à son expansion sur les marchés étrangers."

Le marché a extrêmement bien réagi aux nouvelles, faisant grimper l'action de 1,75$ à 18,75$ hier à la Bourse de Toronto pour un bond de 10,29%.

700

1500 mises à pied dont 700 au Québec

500

AbitibiBowater cherche à renflouer ses coffres en liquidant pour 500 millions d'actifs.

1 million

La papetière réduira sa production de papier de 1 million de tonnes d'ici le 1er trimestre 2008