Les sites de forage gazier pourraient pousser comme des champignons au cours des prochains mois dans les basses terres du Saint-Laurent. Mais leur empreinte permanente sera minime une fois les travaux terminés.

Les sites de forage gazier pourraient pousser comme des champignons au cours des prochains mois dans les basses terres du Saint-Laurent. Mais leur empreinte permanente sera minime une fois les travaux terminés.

L'apparence se limite à une tête de puits protégée d'une clôture au milieu d'une surface ensablée de quelques centaines de mètres carrés, a constaté La Presse lors d'une visite de plusieurs sites.

À Saint-François-du-Lac, près de Drummondville, la multinationale Schlumberger venait de terminer un puits horizontal pour le compte de Gastem et son partenaire Forest Oil.

De loin, les installations font penser aux silos des fermes voisines. À mesure qu'on s'approche, toutefois, le derrick apparaît plus clairement et, à partir de 150 mètres, le bruit des moteurs augmente rapidement.

Surprise: la plateforme de forage est installée à l'arrière d'un dépotoir de ferraille, sur un terrain de 80 mètres par 75 mètres.

«On recherche ce genre d'endroit facile d'accès, qui est zoné blanc et où les permis sont plus faciles à obtenir», explique Marc-André Lavoie, président de Gastem.

Nous restons dans le camion pour faire le tour des lieux. La visite est teintée d'une atmosphère de secret parce que Forest craint l'espionnage industriel ou boursier.

Des foreurs auraient même aperçu des personnes avec des jumelles dans les bois voisins. Selon la rumeur, ces espions compteraient les tiges de forage, pour estimer la profondeur, et la longueur de la torche à la sortie de la buse pour deviner la pression et la quantité de gaz.

Deux équipes de huit hommes se relaient sur deux quarts par jour pendant 20 à 30 jours pour forer le puits. L'équipe peut grimper à une soixante de personnes pendant deux ou trois jours.

Le coût des premiers forages varie entre 3 et 5 millions, puis décroît avec la quantité effectuée.

À Bécancour, Jean-Yves Lavoie, président et chef de la direction de Junex, bénéficie de l'avantage d'explorer dans le parc industriel ou autour.

Nous visitons le puits Becancour no 8, là où a vraiment commencé l'aventure du gaz des shales de l'Utica.

«C'est dans ce puits que Forest Oil a effectué ses premières analyses des shales en 2005. Je voulais m'associer à une compagnie qui connaissait ça», raconte M. Lavoie.

L'endroit est inactif et seule une tête de puits, qui peut être ouverte au besoin, émerge d'un carré de sable d'environ 30 mètres par 30 mètres.

Nous visitons aussi le puits Bécancour no 9, qui doit atteindre 2000 mètres de profondeur. L'équipe de Foragaz, la filiale de forage de Junex, se prépare à cimenter les parois du trou.

Une impression de puissance, mais aussi de danger, se dégage de cette machinerie. Les employés doivent composer avec du gaz inflammable, des équipements lourds, des tensions et des pressions énormes dans les câbles de levage et les tiges.

Malgré tout, ils semblent fiers de participer à ce qui pourrait être le début de la production gazière d'envergure au Québec.