Même si la construction paraît dérougir, elle demeurera encore très active au cours du printemps au Québec, en particulier dans l'agglomération métropolitaine.

Même si la construction paraît dérougir, elle demeurera encore très active au cours du printemps au Québec, en particulier dans l'agglomération métropolitaine.

La valeur des permis de bâtir délivrés d'un océan à l'autre est passée sous la barre des 6 milliards pour la première fois depuis avril, signalant le troisième recul d'affilée, de 2,9% cette fois-ci.

Les données de Statistique Canada font cependant ressortir que le Québec se distingue avec une légère augmentation de 1,9%. Le repli des permis d'habitations a largement été compensé par un bond dans le secteur non résidentiel.

Le Grand Montréal sort gagnant avec une poussée de 21,9% de la valeur des permis, pour un total de 523,7 millions. Tant le résidentiel que le non résidentiel affichent une valeur accrue.

Deux projets, un laboratoire et un complexe hôtelier, ont propulsé à 160 millions la valeur des permis commerciaux.

Les agglomérations de Saguenay, Sherbrooke, Trois-Rivières et Gatineau affichent aussi une plus grande valeur de délivrance de permis en janvier. Seule la Vieille Capitale fait exception avec un recul de 46,6%.

Les permis de bâtir sont un bon indicateur avancé du niveau d'activités de la construction. Dans le secteur résidentiel par exemple, un permis est suivi d'une coulée de fondations dans les deux ou trois mois suivant sa délivrance.

Dans le non résidentiel, les délais varient selon la complexité du chantier.

Ces chantiers à venir vont garder l'industrie bourdonnante au moment où les déboires du secteur manufacturier paraissent s'aggraver.

La construction profite de la force du huard, qui accroît le pouvoir d'achat des Canadiens. Ses travailleurs ne sont pas en concurrence avec la main-d'oeuvre bon marché asiatique.

Moins reluisant ailleurs au pays

À l'échelle du pays, les données sont moins bonnes, surtout pour le marché de l'habitation neuve. La chute marquée des demandes de permis pour le segment multifamilial a entraîné un recul de 13,9% de la valeur des permis résidentiels. L'Ontario, la Saskatchewan et la Colombie-Britannique sont surtout touchées.

«Ces faibles données suggèrent que la construction va perdre de sa fébrilité au cours des mois à venir au Canada», résume Millan Mulraine, stratège économique chez TD Valeurs mobilières.

Cela n'a cependant rien de comparable avec la situation aux États-Unis, où le marasme de l'immobilier résidentiel apporte son lot d'horreurs toutes les semaines. Jeudi, on a appris que 2% des 46 millions de prêts hypothécaires ont été saisis au quatrième trimestre. Il s'agit du taux le plus élevé depuis le début de cette série statistique, en 1979.

«Malheureusement pour les prêteurs, d'autres saisies sont à venir, souligne Stéfane Marion, économiste en chef adjoint à la Financière Banque Nationale. La part des prêts hypothécaires en circulation en défaillance depuis au moins 30 jours est passée à 5,8%, un sommet en 23 ans.»

Dans ces conditions, il n'y a rien de surprenant à ce que les permis de bâtir soient là-bas en chute libre.