Les prix du pétrole ont établi mardi un nouveau record à New York, en touchant 100,10 $ le baril, sous l'effet d'une violente recrudescence des craintes sur une diminution de l'offre des pays producteurs.

Les prix du pétrole ont établi mardi un nouveau record à New York, en touchant 100,10 $ le baril, sous l'effet d'une violente recrudescence des craintes sur une diminution de l'offre des pays producteurs.

Pour la première fois, le contrat sur le «light sweet crude» négocié à New York brut a clôturé la séance au-delà du seuil symbolique des 100 $ (à 100,01 $), soit un gain d'environ 5 $ sur une seule séance.

Le précédent record du brut (100,09 $) avait été établi le 3 janvier.

Cette frénésie a aussi été constatée à Londres où le prix du baril du pétrole Brent s'est hissé à un niveau jamais vu (98,70 $).

«Cette euphorie du marché pétrolier révèle le retour en force de fonds spéculatifs sur les marchés des matières premières», a commenté Mike Fitzpatrick, analyste chez MF Global.

Après avoir empoché leurs bénéfices au lendemain de la première flambée historique des prix du pétrole début janvier, ces investisseurs ont ressurgi mardi, alléchés par une combinaison de facteurs «inquiétants» pour l'offre mondiale de brut, a indiqué à l'AFP Bart Melek, analyste chez BMO Capital.

Et d'énumérer: «la réelle possibilité que l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) réduise sa production, l'explosion d'une raffinerie au Texas et les tensions persistantes entre les États-Unis et le Venezuela».

Représentant 40% de la production mondiale de brut, l'Opep devrait réduire sa production lors de sa prochaine réunion, le 5 mars, à Vienne, pour empêcher une chute trop marquée des prix après la fin de l'hiver.

Lors de leur précédente réunion en février, les treize membres du cartel avaient maintenu inchangés leurs quotas au grand dam des pays consommateurs.

L'explosion d'une raffinerie au Texas (sud des États-Unis), qui traite 70 000 barils de brut par jour, a porté également un deuxième coup à l'approvisionnement de brut, ajoutent les analystes.

D'autant que «la raffinerie ne rouvrira pas tant que nous n'avons pas déterminé les causes de l'incendie», a indiqué à l'AFP Blake Lewis un porte-parole de Alon USA, propriétaire de l'usine.

En outre, la querelle entre le groupe pétrolier américain ExxonMobil et le Venezuela va continuer d'entretenir la poussée des prix, estime M. Fitzpatrick, les victoires judiciaires du premier contre le second ayant entraîné des menaces d'arrêt des livraisons vénézuéliennes aux Etats-Unis.

Le groupe pétrolier américain ConocoPhillips a du reconnaître mardi que la nationalisation de ses activités au Venezuela avait fortement entamé le taux de renouvellement de ses réserves prouvées de pétrole.

Le dernier facteur haussier est venu du Nigeria, premier producteur d'or noir africain, où la zone de production du delta du Niger est l'objet de troubles récurrents.

Mardi, c'est une information donnant pour mort le dirigeant du Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (Mend), Henry Okah, extradé récemment d'Angola, qui a mis le feu aux poudres. L'information a ensuite été démentie par le gouvernement nigerian.

Le Nigeria a vu sa production fondre d'un quart du fait des violences, des enlèvements d'expatriés et des sabotages.

Enfin la faiblesse du dollar, monnaie dans laquelle sont libellés les prix du brut, par rapport aux principales devises, a rendu le pétrole moins cher aux investisseurs, qui fuient la volatilité en cours sur les places boursières.

Mais «si demain nous avons des indices économiques indiquant un mauvais état de l'économie américaine», première consommatrice mondiale d'énergie, «les prix du pétrole vont redescendre rapidement», a estimé M. Melek.

Car un ralentissement de la croissance serait préjudiciable à la demande de brut.