Lors de leur réunion au mois d'août, Ben S. Bernanke, le président de la Réserve fédérale américaine et ses collègues décideurs étaient d'accord pour dire que leur prochaine décision quant aux taux d'intérêt serait probablement de les hausser.

Lors de leur réunion au mois d'août, Ben S. Bernanke, le président de la Réserve fédérale américaine et ses collègues décideurs étaient d'accord pour dire que leur prochaine décision quant aux taux d'intérêt serait probablement de les hausser.

La situation actuelle leur donnera peut-être tort.

Il semble en effet que l'inflation va probablement ralentir grâce à la baisse des prix des produits de base et aux coûts de main-d'oeuvre qui sont maîtrisés. Entre-temps, l'économie américaine pourrait tituber de nouveau à la baisse tandis que les dépenses de consommation diminuent et que le resserrement du crédit s'intensifie en raison du plongeon des actions de Lehman Brothers Holdings.

"Si le bilan de la consommation commence à se détériorer rapidement, on assistera à l'action d'une autre force désinflationniste et la Fed serait alors amenée à renouer avec une diminution des taux", estime Mohammed El-Erian, co-PDG de Pacific Investment Management, de Newport Beach, en Californie.

M. Bernanke et ses collègues maintiendront probablement leur taux directeur de la Fed à 2% lors de leur réunion demain et ils pourraient le garder à ce niveau jusqu'en 2009, selon ce qu'indiquent les transactions sur les contrats à terme sur les fonds fédéraux. Il reste que les chances d'une diminution des taux d'ici la fin de l'année augmentent. Les transactions sur les contrats à terme montrent qu'il y a 40% de chance d'une réduction des taux en décembre, comparativement à aucune chance au début de septembre.

Les paris grimpent

Les négociateurs ont augmenté leurs paris après que des statistiques gouvernementales publiées hier démontrent que les ventes des détaillants américains avaient diminué sans qu'on s'y attende en août. Les données indiquent aussi qu'une baisse plus marquée que prévu des prix de gros signale que les pressions inflationnistes sont peut-être en train de s'atténuer.

Janet Yellen, la présidente de la Fed de San Francisco, a laissé entendre qu'il y avait une possibilité d'une baisse des taux lors de commentaires formulés en présence de reporters après un discours prononcé le 4 septembre dernier à Salt Lake City.

"Il y a une certaine chance de faciliter le crédit si les choses commencent à tourner vraiment mal", a-t-elle dit.

Elle a toutefois indiqué clairement qu'elle était d'accord avec ses collègues décideurs qui, "dans l'ensemble, prévoyaient que la prochaine décision porterait sur un resserrement du crédit", selon le procès-verbal de la dernière réunion de la Fed le 5 août dernier.

Si la Fed décide plutôt d'abaisser les coûts d'emprunt, ce ne serait pas la première fois que M. Bernanke et ses collègues auront été contraints de modifier leur position quant à la lutte contre l'inflation pour soutenir plutôt la croissance économique. Lorsque la première crise du crédit a d'abord frappé en août 2007, la Fed a abaissé son taux d'escompte sur les prêts aux banques 10 jours seulement après avoir déclaré que l'inflation constituait sa principale préoccupation.

Depuis lors, les investisseurs ont été tenus en haleine. Le gros risque consiste en ce que certains acteurs de la Fed appellent une "boucle de rétroaction contraire" par laquelle la crise du crédit et la faiblesse de l'économie s'aggravent l'une l'autre.

Et maintenant, les responsables craignent aussi l'intervention d'une autre spirale au moment où le marché immobilier américain s'effondre et où le resserrement du crédit affaiblit les économies étrangères, entraînant une baisse des exportations américaines.