La Bourse plante, le pays vogue vers une récession et les Américains, nos principaux clients, sont quasiment en faillite. Alors que font les employeurs canadiens, pensez-vous? Ils engagent!

La Bourse plante, le pays vogue vers une récession et les Américains, nos principaux clients, sont quasiment en faillite. Alors que font les employeurs canadiens, pensez-vous? Ils engagent!

Malgré les nouvelles économiques grises comme un jour de novembre, les perspectives d'emploi canadiennes publiées hier par la firme de dotation Manpower sont étonnamment joviales.

En tout cas jusqu'à Noël. Après, il n'y a aucune garantie.

La dernière Enquête Manpower sur les perspectives d'emploi, qui est publiée tous les trois mois depuis 1962, révèle que 14% des employeurs canadiens, au net, ont l'intention d'engager du personnel durant le trimestre qui s'en vient. C'est une prévision "au net", parce que ces données viennent d'un vaste sondage auprès de 1700 employeurs, qui ne disent pas tous la même chose: 20% disent qu'ils comptent engager du monde, 7% disent qu'ils préparent des coupes (les autres ne prévoient aucun changement à leurs effectifs).

Une fois les variations saisonnières enlevées, Manpower arrive à une "prévision nette désaisonnalisée" de 14%.

C'est un environnement de recrutement assez stable, dit Byrne Luft, vice-président de Manpower Canada. Ces pronostics sont à peine un point plus bas que lors du dernier sondage, portant sur le trimestre précédent. "Par contre, on est à 3% de moins qu'en 2007 à la même date, alors on voit quand même un fléchissement dans les données."

Évidemment, les intentions d'embauche ne sont pas les mêmes partout. Dans l'Ouest, 25% des employeurs comptent augmenter leurs effectifs. Dans les provinces atlantiques, le pétrole de Terre-Neuve dope aussi les intentions, qui atteignent 16%.

"Il y a des poches de résistance au ralentissement économique, par exemple dans les secteurs des ressources naturelles et de la construction, dit Byrne Luft. Même si le secteur des ressources naturelles faiblit en Bourse, cela ne veut pas dire que les grands projets de construction (comme les sables bitumineux et les forages au large de Terre-Neuve) vont arrêter."

Au Québec, seulement 9% des employeurs comptent augmenter leurs effectifs, ce qui est pas mal, et ce qui est un pour cent de mieux qu'en Ontario.

La prévision nette de 9% pour le Québec, au prochain trimestre, montre une tendance mitigée. C'est une détérioration de quatre points par rapport au trimestre précédent (13% des employeurs prévoyaient engager), mais c'est beaucoup plus optimiste (6 points) que la prévision de 3% de 2007 à la même date.

En Ontario, tellement dépendante de son secteur automobile, la tendance est clairement noire à court et long terme. La prévision de 8% pour le prochain trimestre est 9 points plus basse que celle du trimestre dernier, et 5% plus basse qu'à la même date en 2007, dit Byrne Luft.

D'un océan à l'autre, les nouvelles sont bonnes si vous aspirez devenir fonctionnaire. La prévision d'embauche des administrations publiques est de 22%, 8 points de plus qu'au dernier trimestre et kif-kif par rapport à l'an dernier.

"En fait, cela masque probablement une partie du ralentissement économique, par rapport à ce qui se passe dans le privé", observe M. Luft.

Les nouvelles sont plutôt bonnes dans le secteur manufacturier. Les fabricants de bien durables annoncent une prévision d'embauche de 13%, une hausse de 7 points par rapport au trimestre précédent, et de 1 point par rapport à 2007 à la même date. Chez les fabricants de biens non durables, la prévision d'embauche est de 10%; c'est un gros zéro au trimestre dernier. Par contre, l'an dernier à la même date, la prévision nette était un peu meilleure, à 11%.

Dans d'autres secteurs du privé, on voit une hausse à court terme, mais une baisse par rapport à l'an dernier.

Ainsi, 20% des employeurs du secteur des finances vont engager. C'est une embellie de 6 points sur le trimestre précédent, mais un recul de 4 points sur une base annuelle.