Le groupe américain de refinancement hypothécaire Freddie Mac doit lever lundi 3 milliards de dollars en financements à court terme, une opération prévue de longue date mais qui pourrait s'avérer déterminante dans la crise que connaît l'entreprise

Le groupe américain de refinancement hypothécaire Freddie Mac doit lever lundi 3 milliards de dollars en financements à court terme, une opération prévue de longue date mais qui pourrait s'avérer déterminante dans la crise que connaît l'entreprise

Les représentants du Trésor et de la banque centrale américaine ont été en contact tout le week-end avec les investisseurs qui souscrivent normalement ce type de titres pour s'assurer de la réussite de l'opération, rapporte dimanche le Washington Post, citant des responsables anonymes des deux administrations.

Au cas où les investisseurs ne manifesteraient pas un enthousiasme suffisant, un «plan B» est toutefois envisagé: l'administration doit absolument rassurer les investisseurs sur la stabilité de Freddie Mac et de sa concurrente Fannie Mae, clef de voûte du système immobilier américain.

L'une des possibilités, selon le Washington Post, serait que le Trésor ou la Réserve fédérale acquiert directement une partie des titres émis.

La banque de réserve fédérale de New York, l'intermédiaire entre la Fed et les marchés, pourrait, de manière alternative, demander à des courtiers d'acheter des titres avec sa garantie, publique ou privée, ajoute le journal.

Selon le Wall Street Journal, si une annonce officielle devait être faite, elle pourrait intervenir avant l'ouverture des marchés lundi.

Une faillite de Freddie Mac et Fannie Mae n'est pas même envisageable, tant leur effondrement aurait un impact cataclysmique sur l'ensemble de l'économie américaine. Les deux entreprises détiennent ou garantissent 5.200 milliards de dollars de crédits immobiliers, soit plus 40% des prêts au logement du pays.

En rachetant aux banques leurs créances hypothécaires, elles permettent à ces dernières de dégager des ressources financières et d'accorder de nouveaux prêts immobiliers, ce qui contribue au dynamisme du marché du logement.

Mais les inquiétudes anciennes sur le niveau réel de solidité financière de ces deux mastodontes ont connu un paroxysme en fin de semaine dernière.

Vendredi matin, dans une brutale accélération du mouvement de vente dont le titre était la cible depuis lundi dernier, l'action Freddie Mac a perdu jusqu'à 51% (à 3,89 dollars), avant de se reprendre en fin de journée à la suite de rumeurs sur la mise en place d'un mode de refinancement du groupe.

En clôture, Freddie Mac a pu ramener ses pertes à 3,13%, à 7,75 dollars. Fannie Mae, avait enregistré une évolution comparable en séance mais sans parvenir à récupérer l'essentiel du terrain perdu (-22,35%).

Depuis le début de la crise du «subprime», les deux titres ont perdu quelque 80% de leur valeur en Bourse. Et ce, en dépit du fait que Freddie et Fannie ne sont pas supposés racheter de créances hypothécaires à risques.

Dimanche, deux jours après l'effondrement des deux titres en bourse, le régulateur américain des marchés, la Securities and Exchange Commission (SEC), a annoncé ouvrir «immédiatement» une enquête sur des manipulations dont auraient pu se rendre coupables des intermédiaires boursiers.

La SEC et d'autres régulateurs vont étudier les mécanismes mis en place par les maisons de courtage et les conseillers en investissement pour déterminer si ceux-ci sont suffisamment efficaces «pour empêcher la création intentionnelle ou la dissémination de fausses nouvelles destinées à affecter le prix des titres», selon un communiqué diffusé par le gendarme de la bourse américaine.

Il est tout à faire rare que le SEC annonce publiquement l'ouverture d'une enquête, à plus forte raison le jour même de sa décision.

«Les enquêtes que nous engageons» avec d'autres régulateurs, «visent à garantir que les investisseurs continuent à recevoir des informations fiables et précises sur le marché sur les compagnies cotées», a expliqué le président de la SEC Christopher Cox, cité dans le communiqué.