La poussée du dollar a nui aux profits tirés de l'exportation d'arbres de Noël du Québec, mais l'industrie ne parvient pas à répondre à la demande, a appris La Presse.

La poussée du dollar a nui aux profits tirés de l'exportation d'arbres de Noël du Québec, mais l'industrie ne parvient pas à répondre à la demande, a appris La Presse.

"Il manque 350 000 arbres au Québec cette année. La demande est trop forte par rapport à l'offre. On a de la misère depuis 2004", lance Fernand Plante, président de l'Association des producteurs d'arbres de Noël du Québec.

Cette pénurie correspond à un manque à gagner de près de 700 000 $ pour 2007. Depuis octobre, il ne reste plus d'arbres.

Producteur d'arbres de Noël à Ham-Nord, au Centre-du-Québec, Christian Morin a coupé 10 000 arbres sur son terrain cette année. Lui aussi constate le déséquilibre entre l'offre et la demande.

"On refuse les nouveaux clients, on ne sert que ceux que nous avons déjà. Si on avait plus d'arbres, on aurait pu en vendre quelques milliers de plus", note-t-il.

Un dollar trop fort

Près de 95 % des sapins de son exploitation, Les Plantations idéales, partent vers les États-Unis.

En affaires depuis 28 ans, Christian Morin reconnaît que 2007 n'a pas été une bonne année, même s'il a tout vendu. "Avec un dollar aussi fort, j'ai perdu de 15 à 20 % de mon chiffre d'affaires annuel, qui tourne autour de quelques centaines de milliers de dollars. Même en augmentant nos prix, ça ne compense pas ce qu'on perd", déplore-t-il.

Depuis deux ou trois ans, "ça va moins bien", ajoute-t-il, nostalgique de l'époque où le dollar tournait autour de 75 cents américains.

Comme tous les autres producteurs, devant cette situation, il n'aura pas le choix. "Je vais devoir réduire mes dépenses et mon personnel." L'impact se fera sentir l'an prochain.

Fernand Plante précise qu'en 2006, 1,5 million d'arbres ont été récoltés au Québec, ce qui représente un chiffre d'affaires de 31 millions $. De ce nombre, 1,1 million d'arbres ont été exportés, en grande partie vers les États-Unis, et ont rapporté 18,6 millions $.

Selon les derniers chiffres du ministère de l'Agriculture du Québec, près de 400 000 sapins récoltés sont restés sur le territoire québécois et canadien.

Manque généralisé

Partout au Canada et aux États-Unis, la situation est la même. "Le manque d'arbres de Noël est généralisé", indique Fernand Plante. C'est pour cela que les États-Unis continuent de se tourner vers le Québec, malgré la hausse du huard. M. Plante explique qu'il y a eu un pic des exportations en 2001. Cette année-là, près de 1,5 million d'arbres de Noël ont quitté le Québec et rapporté plus de 25 millions $.

"Après le 11 septembre, la demande d'arbres de Noël a explosé aux États-Unis, comme si c'était une façon de mettre la tragédie de côté", avance M. Plante. Résultat : toutes les plantations ont été vidées, d'abord aux États-Unis, puis partout au Canada. Tout le monde a fait la même erreur. "On a coupé beaucoup trop d'arbres. Les producteurs ont fait leur argent, mais ils l'ont fait trop vite. Et aujourd'hui, on n'est plus capable de fournir", souligne Fernand Plante.

Car, même si on a replanté, il faut de 8 à 10 ans pour qu'un sapin atteigne sa taille idéale de huit pieds. Les producteurs doivent donc s'armer de patience.

"Les arbres plantés pourront être récoltés en 2011-2012", avance André Pettigrew, agronome et conseiller aux entreprises au ministère de l'Agriculture.

Mais ça ne veut pas dire que la demande va rester aussi forte, prévient-il. "Actuellement, les États-Unis sont en sous-production, ils viennent donc chercher nos arbres. Mais il faudra voir de quelle façon va évaluer le jeu de l'offre et de la demande dans les prochaines années." Il précise que les consommateurs québécois ne devraient pas sentir de hausse de prix.

Avec 53 % d'arbres de Noël exportés, le Québec arrive au premier rang des provinces exportatrices, suivie de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick.

C'est en Estrie, en Beauce-Appalaches et au Centre-du-Québec que se trouvent la grande majorité des plantations.