La crise financière amène les caisses de retraite de l'Amérique du Nord à se concentrer sur le sauvetage du capital, à faire leur deuil du rendement sur les placements et à fuir les risques comme la peste, affirme une étude dévoilée aujourd'hui.

La crise financière amène les caisses de retraite de l'Amérique du Nord à se concentrer sur le sauvetage du capital, à faire leur deuil du rendement sur les placements et à fuir les risques comme la peste, affirme une étude dévoilée aujourd'hui.

Jusqu'ici, la gestion de risques visait à maximiser le rendement des fonds des caisses de retraite, pour à tout le moins minimiser l'érosion du capital par l'inflation. Dans la situation actuelle, même le capital est menacé par la crise financière américaine qui risque de plonger l'économie mondiale en récession.

Selon l'étude publiée par CFO Research, de l'Economist Group, et par Towers Perrin, société de services professionnels, les caisses de retraite vont devoir se transformer. Les entreprises veulent se protéger et diminuer leurs coûts, mais les employés risquent d'y perdre.

Près de 250 gestionnaires en chef de caisses de retraite nord-américaines ont été interrogés depuis mars dernier, «dont 40% de Canadiens», mais les derniers jours de débâcle financière ont sans doute encore accentué le virage à faire, déclare à La Presse Affaires Roland Pratte, leader du groupe de consultation en gestion d'actif de Towers Perrin à Montréal.

Plus de 75% des grands gestionnaires financiers nord-américains veulent réduire les risques des régimes de retraite à prestations déterminées (PD), basées sur les années de service, selon l'étude.

La gestion de risques supplante en importance le rendement des fonds. La volatilité des marchés financiers et la rigueur accrue des règlements incitent à modifier la conception des régimes de retraite et la stratégie de placements.

Il y a une chute des rendements attendus, mais une hausse des coûts des régimes de retraite, explique Roland Pratte. Les pertes du régime de retraite doivent maintenant être inscrites au bilan de l'entreprise durant la même année.

Changements en vue

Tout est fait pour éviter les risques. Les employeurs ont déjà amorcé les changements. De nouveaux employés sont exclus des régimes de retraite PD et les autres peuvent voir leurs prestations attendues être gelées à une date donnée.

Les régimes de retraite à cotisations déterminées (CD) gagnent en popularité chez les entreprises, mais les employés doivent assumer les risques des placements. Des employés plus âgés se retrouvent avec à la fois un régime PD et un autre CD.

Le virage a commencé en Angleterre et s'étend aux États-Unis et au Canada, déclare Roland Pratte. Ce dernier souligne la tendance à gérer les risques (des fluctuations boursières, des taux d'intérêt) en se basant sur le passif des régimes, soit les débours promis aux retraités.

Les gestionnaires diversifient par ailleurs les placements, dans l'immobilier, les infrastructures (aéroports, hôpitaux, ponts, autoroutes), et les participations au capital d'entreprises prometteuses.

Les deux tiers (67%) des entreprises n'entendent pas mettre fin à leurs régimes PD au cours des 24 prochains mois pour autant, déclare Roland Pratte.

Par contre, certains employés demandent des régimes CD, pour s'en occuper eux-mêmes ou les transférer plus facilement chez un nouvel employeur, explique Roland Pratte.

Le régime de retraite fait partie de la rémunération de l'entreprise, mais des employés misent davantage maintenant sur les conditions de travail, la conciliation travail-famille, la gestion de carrières et des promotions, note-t-il.

Towers Perrin, du Connecticut, compte 70 bureaux dans le monde, dont quatre au Canada, avec 750 employés. Les concurrents comprennent Mercer, Aon, Watson Wyatt et Sobeco.