Conduire n'a jamais coûté aussi cher. Après avoir atteint le record de 1,29$ jeudi dernier, le prix du litre d'essence a frôlé 1,35$ dans plusieurs stations-service montréalaises samedi. Du jamais vu.

Conduire n'a jamais coûté aussi cher. Après avoir atteint le record de 1,29$ jeudi dernier, le prix du litre d'essence a frôlé 1,35$ dans plusieurs stations-service montréalaises samedi. Du jamais vu.

«Ça m'écoeure. Ça m'écoeure vraiment.» Appuyé sur sa Mazda Miata six cylindres qui «brûle en masse d'essence», Yves Monette maugréait. Ultramar, à l'angle de la rue Papineau et du boulevard de Maisonneuve, demandait 134,4 cents le litre.

«Vendredi, c'était cinq cents de moins, s'est-il désolé. Comment des multimilliardaires peuvent-ils avoir le culot de demander ce prix-là?»

Très mince consolation: Yves Monette aurait pu payer quelques centièmes de cent de plus. Des automobilistes ont payé 134,9 cents à Saint-Laurent. Et selon le site Internet Essence Montréal, le prix aurait même atteint 137,4 cents vendredi soir...

La Régie de l'énergie n'a pas encore calculé la moyenne pour le week-end, mais tout porte à croire que le record de jeudi sera battu.

Moins cher en région

Si les stations-service de Longueuil et de Laval demandaient le même prix qu'à Montréal, il était encore possible samedi de faire de «bonnes affaires» en région.

Dans les Laurentides, le litre se vendait 1,15$ dans une poignée de stations-service. «Et beaucoup de clients viennent en profiter», a confié en après-midi Geneviève Valiquette, caissière au Petro-Canada de Piedmont.

Les prix en région devraient sous peu avoisiner ceux des grands centres, croit Bruno Rémillard, professeur aux HEC. «À Montréal, explique-t-il, les stations-service épuisent leurs réserves plus rapidement. Alors quand les prix d'acquisition grimpent, on le ressent plus vite.»

Justement, le coût d'acquisition de l'essence a atteint 122,7 cents à Montréal vendredi, selon les données de la Régie de l'énergie.

Spéculation boursière

La flambée des prix à la pompe s'explique bien sûr par la hausse du cours du baril de pétrole sur les marchés internationaux. Ce dernier s'est hissé pour la première fois au-dessus des 116$ vendredi.

Pourquoi? En raison de la spéculation boursière, répond Bruno Rémillard. «Le problème, c'est qu'il n'y a pas grand-chose qui peut stopper ça», poursuit-il. Le litre d'essence pourrait atteindre 1,50$ d'ici à la fin de l'année, selon les spécialistes.

Rappelons toutefois que le ministre des Ressources naturelles, Claude Béchard, s'est montré disposé la semaine dernière à soumettre de nouveau le projet de loi 41, rejeté par l'opposition l'automne dernier. Cette loi forcerait les pétrolières à justifier les hausses du prix de l'essence.