NDLR: ce texte publié le 8 mars a fait l'objet d'une précision le 18 mars. Veuillez cliquez ici pour consulter la précision.

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Année après année, la Caisse de dépôt réussit à livrer une performance honorable et il arrive même qu'elle réussisse à battre ceux qui font le même métier qu'elle au Canada. Mais il lui faut pour ça quatre fois plus d'employés que les caisses de retraite qui lui ressemblent le plus.

Avec son équipe de quelque 200 personnes affectées aux placements, Teachers', la caisse de retraite des enseignants de l'Ontario, surpasse régulièrement le rendement de la Caisse de dépôt et son effectif de 880 personnes.

L'an dernier, la Caisse a fait mieux que Teachers', avec un rendement global 14,6% comparativement à 13,2%, mais c'était exceptionnel.

Au cours des 10 dernières années, la petite équipe de gestionnaires Teachers' a systématiquement battu la grosse équipe de la Caisse.

Les deux investisseurs institutionnels sont souvent comparés, même si Teachers' est une vraie caisse de retraite qui gère à la fois les investissements et le versement des prestations de retraite.

Au total, Teachers' emploie 700 personnes, dont 180 sont responsables des investissements. Les 880 employés de la Caisse, s'occupent uniquement des activités d'investissement.

Teachers' et la Caisse ont aussi de grosses filiales immobilières, dont les employés ne sont pas inclus dans le présent calcul.

Les deux sont parmi les plus gros investisseurs au Canada en termes d'actif. La Caisse avait 143,5 milliards à gérer en 2006, et Teachers', 106 milliards. Les deux sont actifs dans les mêmes marchés, soit les actions, l'immobilier, les placements privés et les infrastructures.

La Caisse de dépôt a toutefois 22 déposants, contre un seul pour Teachers'. Les gestionnaires de la Caisse doivent suivre les politiques d'investissement différentes de ses principaux mandataires, que sont la Régie des rentes, la Société de l'assurance automobile, la CSST et les autres groupes qui lui confient leur épargne en prévision de la retraite. L'Ontario Teachers' Pension Plan, de son côté, a un seul déposant, ce qui peut expliquer une partie de la différence d'effectif.

L'Office d'investissement des régimes de pension du secteur public, connu sous le nom d'Investissements PSP, a plusieurs déposants et se compare encore mieux à la Caisse de dépôt, selon les spécialistes interrogés par La Presse Affaires et qui ont préféré gardé l'anonymat.

C'est d'ailleurs un ancien de la Caisse, Gordon Fyfe, qui en est le patron et plusieurs de ses gestionnaires ont déjà travaillé à la Caisse.

Investissements PSP gère les fonds de retraite de la GRC, des Forces canadiennes et de la fonction publique fédérale, 35 milliards au total, avec un succès certain et une équipe de 200 employés, soit quatre fois moins que la Caisse.

Le rendement comparé des trois caisses sur une période de trois ans indique qu'un plus grand nombre de gestionnaires ne veut pas nécessairement dire une meilleure performance.

Des chiffres trompeurs

Après la légère baisse de 2003 qui a suivi le coup de balai donné par son nouveau président, Henri-Paul Rousseau, l'effectif de la Caisse de dépôt s'est remis à croître lentement mais sûrement. Depuis 2003, le nombre d'employés est passé de 712 à 880, une augmentation de 24%.

Les frais d'exploitation de l'organisation ont suivi la même courbe. Entre 2002 et 2006, ils ont augmenté de 4,5% par année, selon les chiffres fournis par la Caisse. Pour 2007 seulement, la hausse est de 15%.

Ces augmentations n'ont pas empêché la Caisse de soutenir que ses frais d'exploitation se comparent avantageusement à ceux des autres gros gestionnaires de fonds, quand ils sont exprimés par tranche de 100$ d'actif.

«Nos frais d'exploitation demeurent très raisonnables», répétait encore son président, Henri-Paul Rousseau, lors de la publication des résultats de 2007 le mois dernier.

En 2006 par exemple, (les résultats de Teachers' pour 2007 ne sont pas encore connus), la Caisse a dépensé 21,6 cents pour chaque tranche de 100$ d'actif géré. C'est à peu près la même chose que Teacher's, dont le coût d'exploitation est de 22 cents par 100$.

Comment est-ce possible, compte tenu que Teachers' gère ses fonds avec 180 personnes et la Caisse, avec 880?

Cette mesure n'est pas parfaite, répond Nicolas Morrissette, du Groupe Conseil Aon.

«La mesure est généralement très basse dans les grosses caisses de retraite et plus élevée dans les plus petites, sans dire grand-chose sur leur efficacité ou leur performance», explique-t-il.

Toujours en 2006, l'actif de la caisse ontarienne était de 106 milliards et celui de la caisse, de 143,5 milliards. Comme la taille de la Caisse est plus grande, ses dépenses d'exploitation divisées par l'actif produit un résultat qui fait mieux paraître la Caisse que Teachers'.

Le coût par tranche de 100$ d'actif peut aussi être influencé par ce que la direction de la caisse décide d'inclure, ou non, dans le calcul.

Par exemple, les placements négociés, aussi appelés placements privés, occasionnent une foule de dépenses qui ne sont presque jamais comptabilisés dans les frais d'exploitation, a souligné un spécialiste du placement.

Le coût d'exploitation par tranche de 100$ d'actif ne dit donc pas grand-chose sur l'efficacité et l'efficience d'une caisse de retraite.

Une meilleure mesure serait d'exprimer les dépenses en fonction de la valeur ajoutée par les gestionnaires par rapport aux indices de référence.

Après tout, les épargnants paient des gestionnaires pour qu'ils fassent mieux que ce qu'ils peuvent faire eux-mêmes en achetant les principaux indices.

Ce calcul s'avère assez désastreux pour la Caisse de dépôt. En 2006, qui a pourtant été une excellent année quant au rendement, le coût d'exploitation de la Caisse divisé par la valeur ajoutée produite par ses placements a été deux fois plus élevé que le même calcul pour Teachers'.

Autrement dit, la Caisse a dépensé 13 cents pour chaque dollar de profit net qu'elle a obtenu tandis que Teachers' dépensait seulement 6 cents.