Le baril de pétrole à 150$US et le gallon d'essence à plus de 4$US auront laissé des traces indélébiles sur les économies de marché et la civilisation du pétrole en particulier, les États-Unis.

Le baril de pétrole à 150$US et le gallon d'essence à plus de 4$US auront laissé des traces indélébiles sur les économies de marché et la civilisation du pétrole en particulier, les États-Unis.

La société basée sur l'énergie bon marché et l'argent facile est du passé, croit Gaétan Lafrance, spécialiste en énergie et professeur honoraire à l'Institut national de recherche scientifique. L'année 2008 aura été celle du point d'inflexion.

«Pour la voiture en particulier, cela signifie que le virage en faveur de l'hybride rechargeable est définitivement pris».

Et ce virage est définitif, selon lui. «On ne reviendra pas en arrière. Toutes les compagnies se sont tournées vers des technologies plus efficaces».

L'auteur de La boulimie énergétique, suicide de l'humanité? voit 2008 comme le point d'inflexion d'une tendance amorcée il y a très longtemps. «La volonté des Américains d'augmenter leur autosuffisance énergétique s'est encore accrue en 2008, explique-t-il, et ils ne comptent plus exclusivement sur le renouvellement des réserves pétrolières».

Comme la crise de 1982 a amené la traction avant et d'autres innovations technologiques, la crise actuelle a occasionné un virage définitif vers des voitures plus efficaces".

Gaétan Lafrance, qui s'intéresse depuis longtemps aux sources d'énergie alternatives, a vu leur développement s'accélérer de façon spectaculaire cette année. C'est le cas de la batterie au lithium-ion et des voitures hybrides comme la Volt de GM. "C'est une voiture qu'on n'attendait pas avant 2020 ou 2025 et qui devrait être sur le marché en 2010-2011", constate-t-il.

Quand les entreprises commencent à changer, elles ne reviennent pas en arrière, soutient Gaétan Lafrance.

Il cite le président désigné Barack Obama, qui renforcera ce changement. "Obama a dit: ne vous attendez pas à ce que le gouvernement dirige les compagnies, mais il se peut fort bien que désormais le gouvernement influence le genre d'industrie que les Américains veulent voir vivre".

Comme plusieurs autres analystes, Gaétan Lafrance croit qu'une remontée brutale du prix du pétrole est possible, mais que ce n'est pas pour demain. «La conjoncture est loin de le justifier et cela pour un bon bout de temps, voire une décennie», dit-il.

Faute d'investissements suffisants dans l'exploration et l'exploitation pétrolière, le ressac risque d'être important, selon lui. «On se dirige peut-être vers un nouveau contre-choc pétrolier, mais avec cette fois-ci un changement de comportement plus sain en faveur de l'efficacité».

L'industrie canadienne des sables bitumineux souffrira de ce changement en profondeur, prévoit le spécialiste. «Il semble peu probable que les producteurs se lancent à corps perdus dans le développement de nouveaux champs de sables bitumineux», dit-il, et pas seulement pour des raisons financières.

«La prise des écologistes contre le développement du pétrole sale de l'Alberta apparaît plus forte».