Les grandes différences entre les secteurs manufacturiers québécois et ontarien rendent la province voisine plus vulnérable aux déboires de l'économie américaine.

Les grandes différences entre les secteurs manufacturiers québécois et ontarien rendent la province voisine plus vulnérable aux déboires de l'économie américaine.

Voilà pourquoi l'Ontario entre dans une récession, assez profonde pour diminuer la taille de son économie, l'an prochain. Celle du Québec au contraire devrait stagner, ce qui n'exclut pas un recul léger durant deux trimestres d'affilée.

«Il est probable que l'Ontario enregistre en 2009 un premier déficit commercial depuis qu'on tient des statistiques provinciales sur le commerce international, soit 1981», écrit Marc Pinsonneault, économiste principal à la Financière Banque Nationale dans la dernière livraison de L'Hebdo économique.

Il rappelle que 85% des exportations internationales de l'Ontario sont des biens manufacturés destinés aux États-Unis. Un malheur n'arrivant jamais seul, les produits du secteur automobile représentaient deux dollars sur cinq de la valeur des exportations. «Cette forte dépendance de l'Ontario des sautes d'humeur des consommateurs américains explique que ses exportations seront plus touchées que celles du Québec par la récession au sud de la frontière», précise M. Pinsonneault. Il croit que la demande intérieure ne parviendra pas à compenser une chute si soudaine des exportations.

Chute des exportations

Le Québec est quant à lui devenu un habitué des déficits de sa balance commerciale. Depuis 2002, ses exportations réelles ont légèrement reculé alors que ses importations ont bondi de plus de 35%. C'est la demande intérieure qui est parvenue à assurer la croissance malgré un solde commercial négatif. «La tendance s'est maintenue au premier semestre de 2008 où la demande intérieure finale a crû de 4,5% en glissement annuel alors que le produit intérieur brut (PIB) réel n'a progressé que de 1%», précise l'économiste.

Il note aussi que l'emploi manufacturier s'est stabilisé cette année dans la société distincte. En fait, après 11 mois, les données de l'Enquête sur la population active de Statistique Canada font état de 24 700 nouveaux emplois en usines. En Ontario, on assiste plutôt à la destruction de 77 800 postes. L'aéronautique, qui est le secteur de pointe de toute la fabrication québécoise ne connaît pas les misères de l'automobile. Les carnets de commandes des grandes entreprises de cette industrie sont bien garnis.

La consommation va ralentir sa poussée mais elle va progresser, tout comme les investissements des entreprises en machines et équipement. En fait, selon l'économiste, seule la construction résidentielle devrait reculer et se rapprocher de la croissance du nombre des ménages.

En Ontario, ce secteur va traverser une période plus difficile. Après le parachèvement en cours de grandes tours appartements vendus sur plan, le ralentissement va s'installer. Déjà, le prix des maisons baisse sur le marché de la revente.

Au final, l'économie ontarienne va reculer de 0,8% en termes réels l'an prochain alors que celle du Québec progressera tout juste de 0,2%. Il s'agit pour la Financière d'une légère révision. Au début du mois, elle prédisait une croissance de 0,3%.