Jamais deux sans trois, dit-on. L'Association québécoise des indépendants du pétrole (AQUIP) et un de ses membres, Intergaz, demandent à la Régie de l'énergie d'intervenir une troisième fois pour faire augmenter les prix de l'essence à Saint-Jérôme où, assurent-ils, les détaillants sont obligés de vendre à perte pour rester en affaires.

Jamais deux sans trois, dit-on. L'Association québécoise des indépendants du pétrole (AQUIP) et un de ses membres, Intergaz, demandent à la Régie de l'énergie d'intervenir une troisième fois pour faire augmenter les prix de l'essence à Saint-Jérôme où, assurent-ils, les détaillants sont obligés de vendre à perte pour rester en affaires.

Sans la nommer, les détaillants visent encore Costco, qui vend de l'essence à prix attrayant à son magasin-entrepôt de Saint-Jérôme et que les concurrents sont obligés de suivre.

Ainsi, Intragaz soutient que sa marge d'exploitation n'a été que de 0,05 cent au cours des six derniers mois, alors que la Régie de l'énergie estime qu'un détaillant a besoin de vendre le litre d'essence 3 cents de plus que son coût d'acquisition pour couvrir ses frais.

C'est une situation «anormale, dangereuse et excessive qui exige une intervention rapide et urgente de la Régie afin de rétablir les conditions concurrentielles du marché», soutiennent l'AQUIP et Intergaz.

Deux fois auparavant, la Régie leur a donné raison et a obligé les détaillants de Saint-Jérôme à ajouter 3 cents au prix d'acquisition du carburant. La première fois, la période d'inclusion de ces 3 cents a duré 10 mois et la deuxième, 18 mois.

Chaque fois, les prix ont chuté dès la fin de la période d'inclusion, affirment les plaignants qui demandent l'intervention de la Régie pour une période encore plus longue, soit 36 mois.

«On veut résoudre le problème», a commenté Sonia Marcotte, porte-parole de l'AQUIP.

La Régie de l'énergie a invité toutes les parties intéressées par cette question à participer à une audience dont la date n'a pas encore été fixée. Costco ne sait pas si elle va y participer.

La décision n'est pas prise, a indiqué lundi Ron Damiani, porte-parole de l'entreprise.

Costco a toujours soutenu qu'elle ne vendait pas à perte et que le but des indépendants était uniquement de faire augmenter les prix de l'essence, au détriment des consommateurs.

Pendant des années, Costco n'a eu qu'un seul poste d'essence au Québec, celui de Saint-Jérôme.

Depuis juin 2006, l'entreprise en exploite un autre, à Brossard, dont la politique de prix n'a pas encore été contestée.

Les prix ne sont pas les mêmes à Brossard qu'à Saint-Jérôme, a indiqué M. Damiani.

Lois du marché

Pour sa part, la division québécoise de l'Institut canadien des produits pétroliers (ICPP) n'a pas l'intention de participer aux discussions qui se tiendront devant la Régie.

«Pour nous, cette question n'oppose pas les indépendants aux majors de l'industrie pétrolière, mais les indépendants entre eux, a fait savoir Carol Montreuil. Ce sont les inefficaces contre les efficaces», estime le porte-parole de l'ICPP.

Selon lui, la situation qui a conduit le gouvernement québécois à protéger les détaillants d'essence indépendants a évolué avec les années.

Costco et Couche-tard, par exemple, sont des indépendants qui ont forcé les majors à s'ajuster, pas l'inverse, a-t-il fait valoir.

Il faut laisser les lois du marché s'appliquer, selon l'ICPP. «C'est ce qui amène les meilleurs prix pour les consommateurs», soutient Carol Montreuil.