Les investisseurs inquiets des rendements de la Bourse de Toronto au cours des derniers mois n'avaient encore rien vu. Hier, la Bourse de Toronto a perdu 9,3% lors de sa pire séance depuis le lundi noir du 19 octobre 1987.

Les investisseurs inquiets des rendements de la Bourse de Toronto au cours des derniers mois n'avaient encore rien vu. Hier, la Bourse de Toronto a perdu 9,3% lors de sa pire séance depuis le lundi noir du 19 octobre 1987.

Il y a 21 ans, la Bourse de Toronto avait perdu 11% de sa valeur en une seule journée. Hier, la dégringolade s'est arrêtée à 9,3% alors que l'indice torontois a terminé la séance à 8406 points, en baisse de 864 points par rapport à la fermeture de vendredi. Avec la dégringolade d'hier, la Bourse de Toronto a perdu 39% en 2008. Les indices américains ont aussi connu une séance désastreuse hier -le Dow Jones a cédé 7,7% et le S&P500 a perdu 8,9%.

«C'est la troisième pire journée de l'histoire du TSX, dit Pierre Lapointe, stratège en chef adjoint de la Financière Banque Nationale. C'est dommage, car la séance d'hier annule les gains historiques de 13,7% réalisés la semaine dernière. C'était la meilleure semaine du TSX depuis 40 ans.»

Pourquoi cette nouvelle dégringolade qui fera partie des annales de la Bourse de Toronto? À cause des difficultés du pétrole et des ressources naturelles, qui ont fait la gloire du TSX au cours des dernières années.

Le week-end dernier, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a annoncé qu'elle maintenait ses quotas de production de pétrole. Le prix du baril pétrole a ainsi chuté de 9% hier, terminant la séance à 49,28$US à New York. La mauvaise nouvelle s'est répandue sur le parquet de la Bourse de Toronto, où le sous-indice du secteur énergétique a perdu 11,4% de sa valeur.

De nouveaux chiffres concluant à un ralentissement de la demande de matières premières en provenance de la Chine ont aussi ébranlé le TSX, qui a vu son sous-indice des ressources naturelles perdre 13,7%. Il s'agit de la plus forte baisse sectorielle enregistrée hier à Toronto.

Le titre de Potash a été frappé de plein fouet, terminant la séance en baisse de 9,45$, à 70,75$. Hier, Potash a subi la perte de valeur boursière nette la plus importante parmi les titres du TSX. «Le ralentissement économique chinois se fait sentir sur les marchés boursiers canadiens, dit Pierre Lapointe. Il semble que la bulle canadienne des ressources naturelles soit en train de se dégonfler.»

D'autres mauvaises nouvelles en provenance des États-Unis -le pays a été déclaré hier officiellement en récession depuis décembre 2007- ont affecté le TSX, qui vu tous ses sous-indices perdre de la valeur. Selon l'indice des directeurs d'achat, les entreprises américaines consomment moins, ce qui n'est jamais bon pour l'économie et les marchés boursiers», dit Pierre Lapointe.

En chiffres absolus, la séance d'hier se compare peut-être au Black Monday, mais le lundi 19 octobre 1987 a marqué davantage les investisseurs. Pierre Lapointe étudiait peut-être au cégep à l'époque, mais il se rappelle de la commotion créée par le Black Monday. «Les gens n'en revenaient pas de l'importance des pertes, se rappelle-t-il. C'était du jamais vu à l'époque.»

Question de nerfs

Autre facteur à considérer: les nerfs des investisseurs qui se sont habitués aux fluctuations dramatiques du TSX cette année. Au cours du trimestre actuel, la Bourse de Toronto a fluctué de plus de 1% trois jours sur quatre. «L'année 2008 aura été extrêmement volatile», dit Pierre Lapointe.

La Bourse de Toronto a tellement fluctué que la Financière Banque Nationale refuse de prédire où son indice de référence terminera l'année 2008. L'institution financière établit une cible de 9800 points à la fin de 2009 -ce qui donnerait un rendement de 16,6%. L'économie nord-américaine devra toutefois reprendre du mieux avant que les investisseurs assistent à une reprise boursière à Toronto. «Le secteur immobilier américain doit se stabiliser, dit Pierre Lapointe. Présentement, il est en baisse pour le 26e mois consécutif. L'industrie financière doit aussi connaître une reprise. Les banques se prêtent davantage entre elles, mais le crédit aux entreprises est encore limité.»

Les investisseurs canadiens peuvent-ils espérer un rebond ce matin? Pas si l'histoire du Black Monday se répète. En 1987, le Black Monday avait été suivi par une séance baissière de 6% le lendemain...