C'est confirmé: la plus grosse machine économique de la planète est en récession. Et depuis un an exactement.

C'est confirmé: la plus grosse machine économique de la planète est en récession. Et depuis un an exactement.

Le National Bureau of Economic Research (NBER) de Cambridge, au Massachusetts, a officialisé hier ce que tout le monde observait: les États-Unis traversent une récession, et elle a débuté en décembre 2007.

«Le comité a déterminé que le déclin de l'activité économique en 2008 correspond aux critères d'une récession», a tranché hier l'organisme à but non lucratif qui détermine les dates des cycles économiques et dont les verdicts font autorité.

Les États-Unis n'ont pourtant pas encore connu deux trimestres consécutifs où le produit intérieur brut (PIB) a reculé, la définition généralement acceptée d'une récession «technique». Sauf que le déclin de quatre autres indicateurs économiques –le niveau d'emploi, la production industrielle, le revenu des Américains et les ventes au détail– fait dire au NBER que l'économie américaine est quand même en recul depuis décembre 2007.

«Maintenant, tout le monde va utiliser ces dates. Dans 25 ans, quand on va regarder les dates des récessions aux États-Unis, on va dire que celle-ci a commencé en décembre 2007», explique Francis Généreux, économiste au Mouvement Desjardins.

L'annonce n'a causé aucune surprise parmi les économistes, qui considéraient déjà les États-Unis en récession. «Malheureusement, on le savait déjà, dit Carlos Leitao, économiste principal à la Banque Laurentienne, qui croit qu'on peut déjà qualifier la récession américaine de «sévère».

Le NBER a expliqué que le facteur qui a pesé le plus lourd dans son verdict est le 1,2 million de pertes d'emplois aux États-Unis depuis le début de l'année, soit 0,9% de la force de travail du pays. Depuis son sommet de décembre 2007, le niveau d'emploi décline systématiquement chaque mois au sud de la frontière.

Chaque récession a sa signature, et le Mouvement Desjardins a tenté de la dégager hier en comparant à la récession actuelle à la moyenne des six précédentes. On y apprend que la production industrielle et les ventes réelles se sont mieux maintenues en début de récession que d'habitude, mais qu'elles ont ensuite chuté plus abruptement. «Cette récession-ci sera véritablement caractérisée par une baisse marquée de la consommation», écrit le Mouvement Desjardins.

Il n'y a eu que deux récessions dans l'histoire –en 1960 et en 2001– qui n'ont pas été caractérisées par deux baisses consécutives du PIB. Sauf que cette fois, les économistes jugent que ce n'est qu'une question de temps avant que le PIB américain cesser d'osciller entre le positif et le négatif et plonger résolument dans le rouge.

Le PIB américain a reculé de 0,5% au troisième trimestre; Carlos Leitao, de la Banque Laurentienne, prévoit qu'il dégringolera de 4% au quatrième trimestre, puis de 2,2% et de 1,2% aux premiers trimestres de 2009.

Déjà vieille de 12 mois, l'actuelle récession est déjà plus longue que la précédente, qui avait duré huit mois en 2001 à la suite de l'éclatement de la bulle techno. Décembre 2007 marque la fin d'une période d'expansion de l'économie américaine qui aura duré 73 mois, moins que les 120 mois du cycle précédent.

Le président de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, a admis hier qu'avec un taux directeur à 1%, le potentiel de baisser les taux pour stimuler l'économie américaine commençait à être «limité». Il dit toutefois conserver d'autres outils «innovateurs» dans son coffre, comme intervenir directement sur le marché pour acheter des bons du Trésor ou apporter des marges de crédit «non seulement à des institutions financières, mais aussi directement à certains marchés financiers».

Le flot de mauvaises nouvelles s'est continué hier aux États-Unis. Les dépenses de construction ont baissé de 1,2% en octobre, davantage que les 0,9% attendus, et l'indice ISM de l'activité industrielle a chuté de 36,2 points en novembre, son plus bas niveau depuis mai 1982. Seule consolation: soutenues par des promotions massives, les premières ventes de Noël sont en avance de 7,2% par rapport à l'an dernier.

Avec Agence France-Presse