Pour certains économistes et tenants du libre marché, le commerce équitable serait une subvention déguisée, une façon d'aider artificiellement des entreprises qui ne seraient pas rentables autrement; bref, le commerce équitable ne saurait avoir que des effets pervers sur l'économie mondiale.

Pour certains économistes et tenants du libre marché, le commerce équitable serait une subvention déguisée, une façon d'aider artificiellement des entreprises qui ne seraient pas rentables autrement; bref, le commerce équitable ne saurait avoir que des effets pervers sur l'économie mondiale.

C'est faux, croit Pierre-Olivier Pineau, professeur d'économie à HEC Montréal, qui a récemment publié dans la revue Gestion un article sur le sujet intitulé «Le commerce équitable - un remède aux défaillances du marché économique mondial».

En gros, dit M. Pineau, certains économistes sont d'avis que le commerce équitable crée un risque de surproduction qui a le potentiel de faire baisser les prix. Et que par le truchement de la «prime» payée au producteur (un prix plus juste, finalement), ce type de commerce «introduit une distorsion inefficace dans les choix de production, et cette distorsion est sous-optimale lorsque l'objectif est d'aider des personnes à faible revenu».

Pour appuyer ses propos, Pierre-Olivier Pineau cite l'exemple des produits de luxe. «Doit-on accuser, dit-il, les producteurs de montres de luxe d'être à l'origine d'une surproduction mondiale de montres? La prime que les consommateurs sont prêts à payer pour des montres de luxe est analogue à la prime des produits équitables (dans sa forme, pas dans sa valeur!).»

Il s'agit selon lui d'une «dimension intangible» qu'on accole à un produit. Le consommateur est prêt à payer pour une paire de chaussures Nike qui a coûté 10$ à produire mais qui, à cause des frais élevés de marketing et de publicité, se vend 125$. Il en est de même pour les produits équitables. «Certaines personnes sont prêtes à payer une prime pour des produits offrant une certaine garantie que des normes sont respectées», dit simplement M. Pineau.