Après avoir cherché l'âme soeur pendant neuf mois, Theratechnologies a présenté hier sa nouvelle dulcinée au marché. Son nom: EMD Serono. Et elle a juré d'aider la biotech montréalaise à conquérir le marché américain.

Après avoir cherché l'âme soeur pendant neuf mois, Theratechnologies a présenté hier sa nouvelle dulcinée au marché. Son nom: EMD Serono. Et elle a juré d'aider la biotech montréalaise à conquérir le marché américain.

Theratechnologies et EMD Serono ont signé une entente qui vise à commercialiser aux États-Unis le produit-vedette de Theratechonolgies, la tésamoréline. Cette molécule s'attaque à la lipodystrophie, une condition qui modifie la répartition des graisses chez plusieurs patients atteints du VIH, creusant les joues et provoquant l'accumulation de gras au niveau de l'abdomen.

Les investisseurs n'ont toutefois pas semblé impressionnés par le nouveau partenaire. Ils ont fait grimper l'action de Theratechnologies de 20% en matinée, mais son prix est retombé pour finalement clôturer à 2,03$, en baisse de 1,46%.

Theratechnologies se voit remettre immédiatement 38,7 millions de dollars, dont 28,4 millions en frais de licence. EMD Serono achète aussi pour 10,3 millions d'actions de Theratechnologies à un prix équivalent à 4,73$ l'action, soit bien au-dessus du prix du marché.

Selon l'entente, Theratechnologies peut rêver d'empocher jusqu'à 277 millions si elle franchit avec succès certaines étapes, dont l'approbation par les autorités américaines de la tésamoréline prévue pour la fin 2009. Elle obtiendra aussi des redevances sur les ventes de tésamoréline effectuées aux États-Unis par son partenaire.

«On est bien content», s'est exclamé hier Yves Rosconi, président et chef de la direction de Theratechnologies, dont l'entreprise était depuis neuf mois en «examen des options stratégiques» en vue de commercialiser son futur médicament. C'est qu'après 11 ans d'efforts et 150 millions de dollars investis, la biotech avait passé avec succès tous les tests que doivent subir les produits pharmaceutiques avant de se retrouver sur les tablettes des pharmacies. Restait à transformer ce succès scientifique... en succès commercial.

Vente de l'entreprise, recherche de partenariat, tout a été envisagé. Aujourd'hui, M. Rosconi présente EMD Serono comme le partenaire idéal. L'entreprise américaine appartient au groupe allemand Merck KGaA (le seul lien avec le géant américain Merck&Co est historique). Comme Theratechnologies, elle a aussi travaillé sur un médicament contre la lipodystrophie...mais le sien a échoué ses essais cliniques.

«Serono connaît à fond le marché pour cette application. Elle connaît les médecins et comment ça fonctionne. Et elle a une force de vente et de commercialisation que nous n'avons pas», a dit M. Rosconi.

«C'était l'une des deux entreprises les mieux placées aux États-Unis pour ce marché», approuve aussi Maher Yaghi, analyste pour Valeurs mobilières Desjardins, qui croit que l'entente avec Serono donne de la crédibilité à Theratechnologies.

L'analyste juge les termes financiers de l'entente «corrects». «Les conditions sont semblables à d'autres ententes similaires», dit-il.

En toute logique, Theratechnologies devrait obtenir l'approbation des autorités américaines à la fin de l'année 2009 pour son médicament. L'analyste Maher Yaghi rappelle que Theratechnologies a prouvé ce qu'elle avait à prouver avec son produit, mais avertit que des risques de refus ou de délais sont quand même possible. «Rien n'est automatique avec la FDA (la Food and Drug Administration)», dit-il.

Entre-temps, l'entreprise est aussi à la recherche d'un partenaire pour commercialiser son produit en Europe. Et il y a presque obligation de succès. «Il faut qu'ils aillent chercher un partenaire en Europe d'ici la fin 2009, avertit M. Yaghi. Sinon, le marché aura l'impression qu'ils ne livrent pas la marchandise.»

Theratechnologies et Serono ont aussi annoncé qu'elles travailleront ensemble à développer la tésamoréline pour qu'elle puisse guérir d'autres maladies. Si la compagnie n'a pas voulu révéler lesquelles, les analystes croient que l'obésité extrême, un marché potentiellement très lucratif, est dans la ligne de mire des deux partenaires.