Victime de l'économie et de la crise financière, qui pèsent sur le trafic aérien mondial, Air France n'a pas exclu jeudi une baisse de ses effectifs dans les années à venir, tablant désormais sur une stagnation de son offre.

Victime de l'économie et de la crise financière, qui pèsent sur le trafic aérien mondial, Air France n'a pas exclu jeudi une baisse de ses effectifs dans les années à venir, tablant désormais sur une stagnation de son offre.

«L'engagement de l'entreprise pour préserver l'emploi par tous les moyens possibles sera renouvelé même si les incertitudes qui pèsent sur la conjoncture mondiale écartent toute garantie absolue de résultat dans ce domaine», a déclaré le PDG d'Air France-KLM, Jean-Cyril Spinetta.

M. Spinetta s'exprimait devant les salariés d'Air France réunis mercredi en comité central d'entreprise, où «il a évoqué les conséquences pour le transport aérien de la crise financière et de la réduction de croissance en Europe et dans le monde», a précisé jeudi un porte-parole d'Air France.

Selon des sources proches de la compagnie, le groupe a divisé par deux ses prévisions d'embauches sur trois ans, ramenées à 2355 recrutements, qui ne couvriront donc plus les départs en retraite. Cette information, dévoilée par le quotidien Les Echos, n'a pas été confirmée officiellement par Air France.

La diminution des effectifs d'Air France pourrait atteindre 3,1% d'ici à mars 2011, d'après les mêmes sources.

En outre, de nouvelles mesures de réductions des coûts devraient être annoncées dans les prochaines semaines, incluant un coup de frein sur les investissements et une accélération des synergies d'Air France et de la néerlandaise KLM (avec qui elle a fusionné en 2004 pour former un groupe chapeautant deux compagnies distinctes), selon ces sources.

Le 5 août dernier, Air France avait décidé «de renforcer son plan d'économies Challenge 10 avec 190 millions d'économies complémentaires, portant ainsi l'objectif pour 2008-09 à 620 millions d'euros, compte tenu de l'environnement économique».

M. Spinetta a par ailleurs «envisagé l'hypothèse» d'une stagnation de l'offre d'Air France en nombre de sièges kilomètres offerts (SKO) en 2009 et 2010», selon un porte-parole d'Air France.

Communément utilisé dans l'aérien, le SKO est le nombre total de sièges disponibles pour le transport de passagers multiplié par le nombre de kilomètres parcourus. Le groupe tablait auparavant sur 4% de croissance annuelle dans les prochaines années.

L'annonce de M. Spinetta «ne nous surprend guère», ont souligné les analystes du Crédit Mutuel-CIC, qui rappellent au passage «la solidité réelle de la société et son rôle de pôle fédérateur en Europe plus que jamais d'actualité».

Selon des sources proches du transporteur, M. Spinetta est déterminé, malgré la détérioration du trafic aérien, à poursuivre le dossier Alitalia, la compagnie italienne que Rome souhaite adosser à un partenaire étranger.

Il pourrait y investir quelque 200 millions d'euros pour en prendre environ 20%, si sa candidature était préférée à celle de l'allemande Lufthansa, également sur les rangs. D'après le principal quotidien économique italien, Il Sole-24 Ore, de jeudi, le groupe franco-néerlandais serait le mieux placé.

En revanche, M. Spinetta se retire de la course pour la privatisation de l'autrichienne Austrian Airlines, convoité par Lufthansa. Selon les mêmes sources proches, «il estime le dossier pas jouable, compte tenu de la faiblesse des synergies espérées par rapport au coût de la société».