Les banques canadiennes paraissent en position confortable pour amorcer l'année 2008, malgré les centaines de millions en pertes reliées à la crise américaine des hypothèques à risque, annoncées ces derniers jours.

Les banques canadiennes paraissent en position confortable pour amorcer l'année 2008, malgré les centaines de millions en pertes reliées à la crise américaine des hypothèques à risque, annoncées ces derniers jours.

«Dans l'ensemble, l'industrie bancaire canadienne est un système à faible risque avec des éléments de d'actifs peu risqués, lit-on dans la dernière livraison consacrée au secteur bancaire canadien de RatingsDirect, une publication de Standard & Poor's (S&P). Nous prévoyons que l'industrie va continuer de gérer ses ratios de capital avec prudence compte tenu de la volatilité accrue des pertes ou des gains liés au crédit qui se profilent en 2008.»

L'agence d'évaluation de la qualité du crédit des six grandes banques canadiennes précise aussi n'entrevoir à court terme aucun changement des notes attribuées présentement. Seule la Banque Royale fait l'objet d'une révision de sa cote AA, avec perspective positive. Elle sera complétée d'ici au printemps.

La note accordée à la Banque Nationale est A stable, celle de la Toronto Dominion, AA stable, Banque de Montréal A+ stable, Nouvelle-Écosse AA stable, CIBC, A+ stable.

«À ce stade-ci, nous ne voyons aucun défi matériel susceptible de faire dérailler la solide performance des banques canadiennes, écrivent les signataires de l'analyse de crédit: Lidia Perfeniuk, Daniel Koelsch et Robert Palombi. Nous nous attendons à ce que les enjeux des hypothèques à risque aux États-Unis entachent modérément la qualité des actifs des banques canadiennes.»

L'exposition des banques canadiennes à ce mauvais risque est somme toute modeste (au plus 5%) en comparaison d'autres banques étrangères.

Au Canada, le prêt hypothécaire est bien moins risqué pour les banques qu'ailleurs dans le monde, rappelle S&P.

L'amortissement se fait en général sur 25 ans plutôt que 30; lorsque requise, l'assurance de la Société canadienne d'hypothèques et de logement couvre l'ensemble du prêt consenti par l'institution financière; les emprunteurs privilégient les hypothèques de type fermé, plus stable; les paiements sont en général prélevés dans un compte client ouvert chez l'institution prêteuse; enfin, les intérêts ne sont pas déductibles d'impôt ce qui incite l'emprunteur à rembourser plus vite un prêt qu'il voudra le plus petit possible.

Environ 40% des prêts des banques sont de type hypothécaire résidentiel. «Les prêts défaillants sont faibles avec une moyenne pour les six banques de 0,47% en date du 31 juillet, soit le même qu'un an plus tôt alors qu'il s'élevait à 1,23% en 2003. Nous nous attendons à ce qu'il augmente modestement l'an prochain vers des niveaux plus normaux.»

S&P se dit rassurée par le fait que les réserves pour prêts non performants correspondent à 174% de leur valeur, soit 52 points de pourcentage de plus qu'en 2003. Cela place les banques en bonne posture pour absorber un plus grand nombre de défaillances sans gruger leurs bénéfices.

Les autres prêts à la consommation représentent 24% des activités de prêts et ont un taux de défaillance de 1% en moyenne depuis 15 ans, ce qui est faible aux yeux de l'agence. Il en va de même des prêts hypothécaires commerciaux.

Les banques ont tiré des leçons de leurs déboires des années 1990 (rappelez-vous Olympia & York). Quant aux prêts commerciaux et industriels, le taux de défaillance s'établit à 0,5% depuis 15 ans en moyenne.

L'expansion de l'économie canadienne sera plus faible en 2008. À 2,3%, estime S&P, les banques pourront voir quand même grandir leurs bénéfices, bien qu'à un rythme plus modéré.

La plus grande cherté du crédit limitera l'appétit des ménages et des entreprises, mais les services au détail resteront une bonne source de profits.

Les banques pourront cependant profiter de la force de notre monnaie et de la relative faible valeur boursière des institutions américaines pour poursuivre leurs acquisitions au sud de la frontière. L'agence reste convaincue qu'elles se livreront à cette activité avec prudence.

«S&P croit que les banques canadiennes sont bien placées pour affronter les risques grandissants de crédit et la volatilité des revenus grâce à leurs assises solides qui repose sur une large palette de revenus, une excellente qualité d'actifs, une capitalisation costaude et d'excellentes liquidités», lit-on en conclusion.