Le CN négocierait actuellement l'achat des 881 milles de voie de la Société des chemins de fers du Québec (SCFQ), a appris Le Soleil.

Le CN négocierait actuellement l'achat des 881 milles de voie de la Société des chemins de fers du Québec (SCFQ), a appris Le Soleil.

Voilà pour une première nouvelle d'importance, mais effet collatéral de ce marché potentiel, la transaction pourrait aussi compromettre le projet de développement récréotouristique de 230 M$ de l'homme d'affaires Daniel Gauthier dans Charlevoix.

«Il y a un os dans l'engrenage», confirme la porte-parole du Groupe Le Massif, Diane Laberge.

C'est que parmi les filiales de la SCFQ, il y a Chemin de fer Charlevoix, un tronçon de 150 kilomètres entre Québec et La Malbaie sur lequel M. Gauthier projette de faire rouler son train touristique et une navette ferroviaire.

Or, si le CN se porte acquéreur de ces rails, l'entente entre le Groupe Le Massif et Chemin de fer Charlevoix ne tient plus.

Cette même entente est partie intégrante de celle qui prévaut entre le Groupe Le Massif et les gouvernements du Québec et du Canada. Ces derniers ont consentis 56 M$ en juillet 2007 dont 15 M$ pour la réfection de la voie ferrée, toujours sur la base de cette entente liant Chemin de fer Charlevoix.

Chantier stoppé?

«Ça pourrait occasionner des délais dans la mise en chantier de l'hôtel, mais pour le moment, ça se poursuit», confirme Mme Laberge. Fin août, ce chantier

s'est amorcé à l'endroit où sera érigé un hôtel de 50 M$ autour duquel doivent circuler le train touristique et la navette ferroviaire. Quelque 100 000 $ ont été dépensés pour la décontamination des sols et le nettoyage du terrain.

Entre-temps, les travaux de la réfection sur la voie ferrée sont stoppés depuis que les compagnies ferroviaires négocient le fameux marché. Auparavant, au printemps dernier, des travaux ont été réalisés sur une portion du tronçon à la hauteur de Cap-Tourmente.

Pas de train, pas de projet

Mme Laberge ne nie pas que «le dossier est chaud et allait brasser dans les prochaines semaines». La situation pourrait-elle réellement compromettre le mégaprojet de 230 M$?

Chose certaine, le promoteur Daniel Gauthier a toujours dit que les éléments du projet étaient indissociables, ce qui signifie que sans train touristique, il n'y a pas de projet.

De plus, gouvernements et partenaires financiers ont embarqué dans cette aventure avec comme prémisse la présence d'un train touristique. Une modification à ce niveau serait majeure et non sans conséquences. Le train touristique doit aussi s'arrêter à la station de ski du Massif à Petite-Rivière-Saint-François et se rendre à La Malbaie après avoir fait halte au futur hôtel de 150 chambres.

Selon nos informations, le CN aurait démontré de l'ouverture pour le projet advenant une acquisition, des questions qui restent en suspens toutefois pour le moment.

Autre information, Daniel Gauthier serait actionnaire minoritaire de la SCFQ, ce qui ajoute à la complexité de la situation. Ni le CN ni la SCFQ n'ont voulu commenter la situation, pas plus que le ministère des Transports du Québec.

La SCFQ possède et exploite quelque 881 milles de voies dans les provinces de l'Ontario, du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse et du Québec. Quant au CN, géant de l'industrie ferroviaire au pays, il a déclaré un bénéfice net de 459 M$ CAN au deuxième trimestre de 2008.