Le marché immobilier américain n'a pas encore atteint le creux de son cycle, comme l'indiquent les dernières données publiées hier. Desjardins estime même que cela n'arrivera pas avant le début de l'an prochain. En attendant, les effets se font sentir jusque dans la caisse de retraite des employés d'Hydro-Québec.

Le marché immobilier américain n'a pas encore atteint le creux de son cycle, comme l'indiquent les dernières données publiées hier. Desjardins estime même que cela n'arrivera pas avant le début de l'an prochain. En attendant, les effets se font sentir jusque dans la caisse de retraite des employés d'Hydro-Québec.

«Plusieurs acheteurs ne se sont pas présentés», résume Serge Robitaille, d'Ipso Facto, investissement immobilier, quand il parle d'un projet immobilier dans lequel son groupe a investi en banlieue de Houston, au Texas.

Ipso Facto, qui gère notamment une partie des avoirs de la caisse de retraite des employés d'Hydro-Québec et de la Société financière Bourgie, est partenaire dans ce projet qui devait à l'origine compter trois bâtiments.

Une seule tour a été construite, comptant 18 unités. Neuf condos avaient trouvé preneur, mais, finalement, seulement deux ont été vendus. Les autres acheteurs potentiels n'ont pas trouvé le financement nécessaire à la conclusion de la vente. «C'est évident qu'on n'ira pas de l'avant avec les deux autres tours du projet pour l'instant», explique M. Robitaille.

Un creux depuis 1991

La situation que vit le fonds montréalais est à l'image du marché américain. Hier encore, le département du Commerce a annoncé que les mises en chantier de logement ont reculé de 6,2% en août par rapport à juillet. Il s'agit d'un creux depuis 1991.

Et quand on regarde dans l'avenir, avec la valeur des permis de bâtir, la donnée n'est pas plus reluisante: elle est en recul de 8,9% sur juillet, à 854 000 unités, et de 33% sur le mois d'août de l'an dernier.

C'est la région du Nord-Est américain qui a mené la débâcle des mises en chantier avec une glissade de 15%, contre 14% dans le Midwest et 7,4% dans le sud. L'Ouest a été épargné en août avec un gain de 11%.

«Les mises en chantier vont presque à coup sûr tomber sous le seuil du million cette année. Cela s'est produit pour la dernière fois en 1945», prédit Jim Dorsey, de la firme Global Insight, cité par l'AFP. «Au quatrième trimestre, nous prévoyons actuellement que les mises en chantier chutent à 813 000 en rythme annuel, ce qui serait le plus bas pour l'après-guerre.»

À Washington, le secrétaire à l'Habitation et au Développement urbain, Steven Preston, n'avait rien de très rassurant à dire, parlant hier dans un discours de «suroffre fondamentale» dans le marché de l'habitation.

Et le non-résidentiel?

Chez Desjardins, l'économiste senior Francis Généreux estime que le marché américain de l'habitation atteindra son creux au début de 2009. Donc, que la situation va continuer à se détériorer d'ici là.

Par la suite, il ne faudra pas compter sur une forte reprise, mais plutôt sur une période de stabilisation. Pour écouler le stock actuel de logements, il faudrait 10,55 mois, rappelle M. Généreux. Il y a trois ans, c'était à peine quatre mois.

«C'est assez pour faire descendre les prix», dit-il.

Il prévoit que la baisse pourrait atteindre 25%, contre environ 20% actuellement.

M. Généreux commence à voir poindre des signes que la faiblesse gagne maintenant le secteur non-résidentiel, comme les centres commerciaux et les espaces à bureaux. «On prévoit un secteur à problème pour 2009.»

Malgré ces nouvelles, le gestionnaire Serge Robitaille n'a pas l'intention de se retirer du marché américain. Il rappelle qu'il «suit normalement le plan d'affaires» dans un autre projet à Houston. Il précise toutefois qu'il avait prévu y louer les unités pendant deux ou trois ans, avant de les mettre en vente.

Toujours au Texas, dans un troisième projet, les partenaires d'Ipso Facto ont mis un an de plus que prévu pour écouler les 36 unités construites. «On fait moins de sous que prévu. Vous avez un marché qui n'existe pas.»

Dans ces conditions, il restera présent, mais sera prudent. Il rappelle que Houston est une ville à l'économie vigoureuse. «Ce marché souffre parce qu'il s'adonne qu'il est situé aux États-Unis.»

Et quand Serge Robitaille voit-il la fin de ce cycle baissier chez nos voisins du Sud? «Ça, je ne saurais pas vous répondre.»

-6,2 %Baisse du nombre de mises en chantier aux États-Unis, au mois d'août.

Les constructeurs ont amorcé les travaux sur quelque 895 000

résidences (chiffre annualisé), le plus faible niveau depuis janvier 1991.

-33%

Baisse du nombre de permis de

construction demandés par les

promoteurs immobiliers en août.

Une sur 416

Proportion du parc total de maisons qui

avait fait l'objet d'une procédure de saisie le

mois dernier.

10,6

Nombre de mois qu'il faudrait pour

écouler le nombre d'habitations à

vendre sur le marché américain.