Devant l'insolvabilité du groupe germano-suisse Grob Aerospace, Bombardier (T.BBD.B) a annoncé jeudi qu'elle reprenait la responsabilité de développer et de construire le prototype du Learjet 85, son nouveau biréacteur d'affaires.

Devant l'insolvabilité du groupe germano-suisse Grob Aerospace, Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] a annoncé jeudi qu'elle reprenait la responsabilité de développer et de construire le prototype du Learjet 85, son nouveau biréacteur d'affaires.

Grob devait assurer le développement de la structure entièrement en matériaux composites de l'appareil et en construire les trois premiers prototypes.

C'est l'«incertitude» entourant Grob qui a poussé l'avionneur montréalais à prendre cette décision, a précisé le président de Bombardier Avions d'affaires, Steve Ridolfi, dans un communiqué.

Une porte-parole de l'avionneur, Danielle Boudreau, n'a pas voulu dévoiler le coût du rapatriement pour l'entreprise montréalaise.

Bombardier devra embaucher du personnel pour effectuer le travail que Grob accomplissait, mais on ne sait pas encore si la tâche reviendra aux installations de Montréal ou à celles de Wichita, où l'entreprise assemble la gamme Learjet. Le mandat pourrait être partagé entre les deux villes.

Mme Boudreau a assuré que la décision n'aurait pas d'influence sur la date prévue de mise en service du Learjet 85, soit janvier 2013. Jusqu'ici, Bombardier a reçu 46 commandes fermes et 90 lettres d'intention pour l'appareil de huit places.

La déconfiture de Grob découle d'un manque de liquidités causé par les retards pris par le développement de son nouveau jet d'affaires SPn. Devant la situation, le prêteur de l'entreprise a décidé de lui couper les vivres.

Lors de la téléconférence tenue pour commenter les derniers résultats trimestriels, au début du mois, le chef de l'exploitation de Bombardier Aéronautique, Guy Hachey, avait indiqué que l'entreprise évaluait toutes les possibilités, y compris celle de trouver un autre partenaire et celle d'investir dans Grob.

CSeries

Par ailleurs, les déboires du numéro de l'assurance aux États-Unis, American International Group (AIG), pourraient avoir un impact négatif sur la CSeries, la nouvelle famille d'avions de 110 à 149 places que Bombardier a lancée en juillet.

AIG, qui vient d'éviter la faillite de justesse grâce à une reprise de 80 pour cent de son capital-actions par le gouvernement américain, est propriétaire de l'International Lease Finance Corporation (ILFC), le plus important loueur d'avions au monde.

Juste avant d'être sauvé par Washington, AIG avait indiqué qu'il songeait à se départir de l'ILFC afin d'accroître ses liquidités. Dans une note publiée jeudi, l'analyste Cameron Doerksen, de la firme Partenaires Versant, dit s'attendre à ce qu'AIG mette rapidement ILFC.

Or, le loueur est l'une des sociétés qui a exprimé le plus grand intérêt pour l'achat d'avions de la CSeries. L'incertitude entourant l'ILFC et la crise mondiale du crédit pourraient compliquer l'acquisition de nouveaux avions, avance M. Doerksen. Il souligne toutefois que l'entreprise, fort rentable, ne devrait pas avoir de mal à trouver un acquéreur.

Une commande de l'ILFC conforterait le modèle d'affaires de la CSeries. Au début de l'année, Bombardier comptait obtenir au moins 50 commandes fermes avant de lancer le programme.

L'avionneur s'est finalement contenté d'une lettre d'intention du transporteur allemand Lufthansa prévoyant 30 commandes fermes et 30 options d'achat.

Marc Duchesne, porte-parole de Bombardier Aéronautique, n'a pas voulu commenter la situation.

L'action de Bombardier a clôturé jeudi à 6,10 $, en recul de 4,2 pour cent, à la Bourse de Toronto.