La banque centrale américaine va tout droit vers un nouveau statu quo la semaine prochaine, dans un contexte d'incertitudes économiques exceptionnellement élevées, estiment les analystes.

La banque centrale américaine va tout droit vers un nouveau statu quo la semaine prochaine, dans un contexte d'incertitudes économiques exceptionnellement élevées, estiment les analystes.

La Réserve fédérale (Fed) réunit mardi son comité de politique monétaire (FOMC) pour réexaminer le niveau de son taux directeur, actuellement fixé à 2%.

Après avoir baissé ce taux de 3,25 points en quelques mois, la Fed avait préféré opter pour le statu quo lors de sa précédente réunion en juin, et pour les analystes il ne fait aucun doute qu'elle agira de même cette fois ci.

«La Fed ne fera rien la semaine prochaine. Elle va garder son taux à 2%», résume John Lonski, économiste chez Moody's.

«Cela ne va pas être une grosse histoire», ajoute sans ambages Gina Martin de Wachovia Capital Markets.

La banque centrale avance en effet en territoire particulièrement mouvant, où il est devenu difficile de prévoir si c'est l'inflation ou la récession qui est le plus gros risque pour l'économie.

L'inflation reste trop élevée aux yeux de la Fed, souffrant toujours des prix du pétrole et des matières premières: les prix à la consommation ont ainsi affiché en juin leur leur plus forte hausse en 26 ans.

Mais peut-être la flambée des cours se calmera-t-elle d'ici la fin de l'année. De plus, dans un contexte de ralentissement économique, il n'est pas certain que les entreprises soient en position de force pour répercuter sur leurs clients la hausse de leurs propres coûts. Et les employés peinent à négocier des hausses salariales alors que le chômage est au plus haut en quatre ans.

Du côté de la croissance, les analystes ont abandonné l'espoir d'une reprise rapide au vu de la dégradation continue de l'immobilier et du peu d'effet du plan de relance budgétaire.

L'économie a supprimé des emplois pour le septième mois de suite en juillet et la croissance a atteint 1,9% (en rythme annuel) seulement au deuxième trimestre, la consommation ne parvenant pas à rebondir en dépit des chèques de remise d'impôts qui ont commencé à arriver durant cette période dans les boîtes aux lettres.

Les économistes redoutent à présent un net affaiblissement d'ici la fin de l'année si la demande mondiale se met à fléchir. Mais il est difficile de prévoir l'ampleur du ralentissement.

«Le tableau économique est très mitigé pour le moment. Nous savons que l'économie est faible, et peut-être s'affaiblira-t-elle encore dans les six mois à venir», a estimé Scott Anderson de la banque Wells Fargo.

«Mais rien ne dit clairement que nous allons vers une récession profonde, ni quoi que ce soit d'approchant», a-t-il ajouté.

Il est clair que cette faiblesse empêche la banque centrale de durcir sa politique. «La Fed ne relèvera pas ses taux tant que le chômage continuera d'augmenter», prédit M. Lonski.

Mais dans le même temps, le débat fait rage au sein de la banque centrale où plusieurs responsables plaident pour une vigilance accrue sur l'inflation. Lors de la dernière réunion en juin, ils avaient averti que la Fed devrait relever ses taux assez rapidement, et plusieurs d'entre eux ont publiquement plaidé pour un durcissement monétaire ces dernières semaines.

Ces dissensions excluent toute baisse des taux mais il est probable qu'une fois de plus certains membres choisiront de voter contre la décision sur les taux.

S'ajoutant à ces inquiétudes, le regain de faiblesse des marchés vient aussi obscurcir le tableau -- au point que la Fed a annoncé cette semaine une prolongation des facilités de financement consenties aux banques.

«Tant que la Fed parlera de circonstances +inhabituelles et exigeantes+ sur les marchés financiers, la probabilité d'une hausse des taux sera très basse», estime Michael Hanson de Lehman Brothers.