Ce qui fait jusqu'ici le succès de la politique monétaire de la Banque du Canada à contenir le rythme d'inflation autour de 2%, c'est qu'elle tient compte de l'évolution de tous les prix, y compris ceux des aliments et de l'énergie.

Ce qui fait jusqu'ici le succès de la politique monétaire de la Banque du Canada à contenir le rythme d'inflation autour de 2%, c'est qu'elle tient compte de l'évolution de tous les prix, y compris ceux des aliments et de l'énergie.

«La Réserve fédérale américaine accorde trop d'attention à l'évolution des prix à la consommation en excluant ceux des aliments et de l'énergie», déplore en entrevue David Laidler, chercheur invité à l'Institut C.D. Howe, un groupe de recherches en politiques économiques et fiscales établi à Toronto.

M. Laidler, qui est aussi professeur à la University of Western Ontario, soutient que la récente poussée mondiale des prix des aliments et de l'énergie n'est pas conjoncturelle, mais structurelle.

La demande restera robuste avec le gonflement de la classe moyenne en Chine et en Inde. On ne peut par conséquent les considérer seulement comme des éléments volatils dans la progression de l'inflation.

«Si la Banque du Canada parvient à contenir l'inflation, les augmentations des prix des aliments et de l'énergie au Canada seront compensées par des hausses moins prononcées, voire des baisses des prix d'autres éléments», écrivait-il lundi dans un article intitulé «Pourquoi la Banque du Canada doit se concentrer sur l'indice des prix à la consommation global».

Divergences

M. Laidler est un des 10 membres du comité de politique monétaire du C.D. Howe. Cet aréopage d'économistes des milieux financiers et universitaires recommandait la semaine dernière à la Banque du Canada d'abaisser ce matin son taux directeur de 25 centièmes, ce qui le porterait à 3,25%.

De leurs délibérations, sont apparues d'importantes divergences, mais M. Laidler est de ceux qui préconisaient une baisse de 25 centièmes. «Remarquez que 50 points ne m'empêcheraient pas de dormir», laisse-t-il tomber au téléphone dans un éclat de rire.

Aux États-Unis, le rythme annuel de progression des prix à la consommation atteignait 4%, le mois dernier, comparativement à 1,4% seulement au Canada.

Depuis quelques années, les prix à l'exportation et à l'importation évoluent de manière divergente au Canada et aux États-Unis en raison de la poussée du huard et de la faiblesse du billet vert.

Le Canada est exportateur net d'énergie et les États-Unis importateur net. Les prix du pétrole étant libellés en dollars américains, ils grimpent moins vite au Canada. Notre monnaie forte favorise aussi une baisse relative des prix des fruits et des légumes importés de Floride ou de Californie.

Autre poussée du huard?

M. Laidler croit en outre que, si le prix des voitures ne diminuera pas beaucoup encore, ceux des appareils électroniques n'ont pas encore trouvé leur plancher.

Il n'écarte pas en outre l'idée que le huard puisse encore s'apprécier, même si les parieurs sur le marché des devises sont de plus en plus nombreux à penser le contraire. Gageant sur une baisse de 50 points du taux directeur, ils ont fait perdre 11 centièmes au huard contre le billet vert. Il cotait hier 99,40 cents US à la fermeture.

M. Laidler estime que nous traversons une période charnière. Le ralentissement économique s'installe, mais nous ne savons pas encore ce que seront les pressions inflationnistes à l'automne ou en fin d'année.

«Tant que la Banque du Canada scrute l'indice des prix à la consommation, elle remarquera rapidement tout changement significatif pour l'inflation au pays. S'en tenir à cette approche déterminera les choix à venir de la banque centrale», dit-il.