Turbulences ou pas, les fournisseurs de l'industrie aéronautique québécoise continuent de mettre le cap sur la croissance. «Si vous cherchez des problèmes, on n'en a pas ici», a lancé le président de Placeteco, Mario Gauthier, en réponse aux questions de La Presse au sujet du ralentissement économique.

Turbulences ou pas, les fournisseurs de l'industrie aéronautique québécoise continuent de mettre le cap sur la croissance. «Si vous cherchez des problèmes, on n'en a pas ici», a lancé le président de Placeteco, Mario Gauthier, en réponse aux questions de La Presse au sujet du ralentissement économique.

«Normalement, nous fermons durant le temps des Fêtes, mais cette année, nous ne fermons pas parce que nous avons trop de commandes, a-t-il poursuivi. Je ne vois pas de ralentissement pour au moins les trois prochains mois.»

Placeteco, une entreprise qui fabrique notamment des composantes pour Bell Helicopter et Bombardier, emploie une cinquantaine de personnes à Shawinigan.

Chez Alta Précision, une entreprise qui usine surtout des pièces complexes de petite taille, le ralentissement est encore trop léger pour entraîner des mises à pied. En fait, Alta Précision est à la recherche de 5 à 10 machinistes pour compléter son équipe.

«Nous avons même raccourci la période des Fêtes parce qu'il y a beaucoup de commandes à remplir», a affirmé Giovanni Bevilacqua, vice-président au développement des affaires chez Alta Précision.

Depuis quelques années, l'industrie aéronautique québécoise a le vent dans les ailes, notamment avec le lancement de programmes d'envergure comme la CSeries de Bombardier.

Quelques nuages noirs ont cependant commencé à apparaître. Mecachrome, un manufacturier de pièces de voilures et de trains d'atterrissage, traverse une sérieuse crise de liquidités. Pour sa part, Bell Helicopter Textron Canada réduira la semaine de travail de cinq à quatre jours pour les cinq premières semaines de 2009, histoire de diminuer le volume de ses inventaires.

Du côté de Bombardier, on est prudent, mais on ne parle pas de réduction de cadence de production. «Pour l'instant, c'est le statu quo, a indiqué le porte-parole de Bombardier Aéronautique, Marc Duchesne. Il n'y a rien d'anormal sur le plan des reports et des annulations, la CSseries demeure au programme et il y aura une augmentation de 10% des livraisons d'avions d'affaires cette année en raison des commandes records de l'année dernière.»

Chez Sonaca Montréal, un fournisseur de Bombardier, on s'attend à ce que 2009 soit une autre bonne année.

«Nous participons à beaucoup de nouveaux programmes, ce qui permettra de compenser de légers ralentissements dans des programmes existants, a déclaré le chef de la direction du fabricant de panneaux d'ailes, Philippe Hoste. Je devrais faire 20% de croissance de revenus en 2009.»

Sonaca Montréal produira notamment des panneaux d'ailes pour le Phenom 300, le tout nouveau biréacteur d'affaires d'Embraer. Bombardier représente également de bonnes perspectives de croissance pour l'entreprise de Mirabel.

«Nous jouons la carte de l'intégration avec eux, a expliqué M. Hoste. Nous proposons des panneaux d'ailes plus intégrés, avec plus de travaux de machinage et, à l'autre bout de la chaîne, plus de travail d'intégration au niveau d'assemblage. Et ils sont preneurs.»

CMC Électronique, qui se spécialise dans l'avionique et les antennes satellites, est aussi optimiste. «Pour l'instant, tout semble stable et bon pour 2009, a affirmé la directrice des relations publiques de l'entreprise, Janka Dvornik. Nous croyons à une progression du chiffre d'affaires parce que le carnet de commandes est bien garni.»

Mme Dvornik rappelle que CMC Électronique est bien diversifiée parce qu'elle oeuvre dans l'aviation civile et l'aviation militaire. Héroux-Devtek, un manufacturier de trains d'atterrissage et de grandes composantes, est également présent dans les deux secteurs.

«Quand il y a une baisse dans le civil, on peut accélérer les livraisons au niveau de pièces de rechange dans le militaire», a indiqué le président et chef de la direction d'Héroux-Devtek, Gilles Labbé.

Il a indiqué que le ralentissement économique n'avait pas eu d'impact sur l'entreprise. Par contre, la grève de 60 jours chez Boeing a eu des conséquences. «Des ventes qui devaient avoir lieu au troisième trimestre ont été reportées aux prochains trimestres, mais nous n'avons pas réduit la force ouvrière», a déclaré M. Labbé.

M. Labbé croit que le ralentissement pourrait avoir des avantages pour Héroux-Devtek. «Nous avons une situation financière très solide et nous offrons un très bon service pour les clients, a-t-il expliqué. Les clients vont profiter du ralentissement pour réduire leur base de fournisseurs. Cela pourrait nous permettre de gagner des travaux qui vont chez d'autres fournisseurs.»