La chute brutale des prix de l'énergie ne menace pas la viabilité des projets d'exploitation gazière et pétrolière de Junex au Québec, ont assuré jeudi les dirigeants de l'entreprise.

La chute brutale des prix de l'énergie ne menace pas la viabilité des projets d'exploitation gazière et pétrolière de Junex au Québec, ont assuré jeudi les dirigeants de l'entreprise.

«La production d'hydrocarbures au Québec, c'est un calendrier qui s'étale sur pas mal plus d'années que la période de la crise actuelle (de baisse des cours)», a relevé André Caillé, conseiller stratégique principal de Junex et ancien pdg d'Hydro-Québec. Entre-temps, les prix du pétrole et du gaz naturel se raffermiront, prévoit-il.

Il reste à voir, toutefois, comment la population réagira à l'émergence de ce secteur d'activités encore inusité au Québec.

«Une fois que le coût (d'exploiter les gisements) est établi, c'est plus, disons, une question socio-économique et c'est un questionnement que nos partenaires ont à l'heure actuelle: comment la population du Québec va-t-elle recevoir ça?» a admis le président et chef de la direction de Junex, Jean-Yves Lavoie, à la tribune du Cercle finance et placement du Québec.

«On n'a pas de culture de pétrole et de gaz, a-t-il ajouté. On n'a pas non plus, par exemple au gouvernement, des équipes qui sont prêtes à gérer ça.»

Cet été, des résidants de Saint-Antoine-sur-Richelieu se sont plaints du bruit causé par le forage exploratoire effectué par Junex dans leur voisinage.

L'octroi d'un permis pour procéder à du forage exploratoire ne nécessite pas une longue analyse de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ), a précisé jeudi un porte-parole de l'organisme, Michel Blais. L'installation de foreuses permanentes est toutefois assujettie à un examen en profondeur de la CPTAQ.

Le ministère de l'Environnement se penchera aussi sur tout projet d'exploitation de gaz naturel au Québec. Les gisements des basses-terres du Saint-Laurent («shales de l'Utica») sont non conventionnels, de sorte que leur exploitation nécessitera une bonne quantité d'eau.

Les sociétés actives dans l'exploration d'hydrocarbures au Québec songent à mettre sur pied un comité afin d'établir un dialogue avec Québec sur ces questions.

«On veut arriver avec un mécanisme qui va permettre justement d'aller de l'avant, qui n'est pas juste à la pièce», a expliqué Jean-Yves Lavoie.

En avril, des tests préliminaires menés par le partenaire américain de Junex, Forest Oil, ont confirmé des découvertes «significatives» de gaz naturel dans les plaines du Saint-Laurent, ce qui a fait exploser l'action de l'entreprise de Québec. L'exploitation des gisements permettrait au Québec d'être autosuffisant, selon les experts.

D'autres résultats sont attendus d'ici la fin de l'année. Il faudra ensuite évaluer la rentabilité de l'exploitation des shales.

«J'estime qu'on doit avoir un bon cinq ans de travaux à faire pour trouver comment ça coûte produire ça, a indiqué M. Caillé. Le gaz est là. Ce qui reste à savoir, c'est comment ça coûte pour le sortir de là et à quelle vitesse on peut le sortir.»

L'action de Junex a clôturé jeudi à 1,15 $, en hausse de 13,9 pour cent, à la Bourse de Toronto. Au cours de la dernière année, la valeur du titre a oscillé entre 52 cents et 8,22 $.