Mark Carney, gouverneur de la Banque du Canada, estime que le pays pourrait glisser en récession comme toute autre nation industrialisée, ce qui ajoute du poids aux conjectures des économistes qui prévoient que la banque centrale canadienne pourrait abaisser ses taux à leur niveau le plus bas depuis 1960.

Mark Carney, gouverneur de la Banque du Canada, estime que le pays pourrait glisser en récession comme toute autre nation industrialisée, ce qui ajoute du poids aux conjectures des économistes qui prévoient que la banque centrale canadienne pourrait abaisser ses taux à leur niveau le plus bas depuis 1960.

«Nous prévoyons une croissance économique très minime en 2009», a dit M. Carney au cours d'une entrevue quand on lui a demandé s'il pensait qu'une récession pouvait se produire. «Par définition, c'est près d'une croissance négative, a répondu M. Carney et si nous avons une prévision équilibrée, cela pourrait aller d'un côté comme de l'autre, alors c'est une possibilité.»

M. Carney a abaissé le taux directeur de la Banque du Canada à 2,25% le mois dernier, ajoutant que la huitième économie au monde allait voir ses activités diminuer au présent trimestre et faire du surplace au cours des trois premiers mois de 2009. Trois des plus importantes banques canadiennes prévoient une récession, que l'on considère généralement comme étant deux trimestres de repli économique.

Ces commentaires «renforcent l'opinion voulant qu'il faudra plus de stimulants», soutient Michael Gregory, économiste principal de BMO Marchés des capitaux, à Toronto. Selon lui, M. Carney abaissera probablement les taux à 2% lors de la prochaine réunion de la banque centrale, le 9 décembre, et il pourrait les baisser sous ce seuil l'an prochain.

Le taux directeur de la Banque du Canada n'a pas été inférieur à 2% depuis 1960, une époque où il était basé sur les rendements des bons du Trésor plutôt que sur les actions des décideurs. La Banque du Canada vise une inflation à 2% et M. Gregory soutient que M. Carney franchirait «une ligne très importante» s'il abaissait les coûts d'emprunt sous le niveau de l'inflation.

«Ce n'est pas une question de psychologie, et nous allons fixer les taux selon les besoins», a dit M. Carney, 43 ans, lorsqu'on lui a demandé s'il serait difficile de réduire les taux sous la barre des 2%. «Nous sommes absolument symétriques, et nous nous soucions de l'inflation autant sous cette cible qu'au-delà de cette cible», a-t-il ajouté.

Le produit intérieur brut (PIB) augmentera de 0,6% cette année et l'an prochain, prédit la Banque du Canada. Ce serait la progression la plus faible depuis la dernière récession au Canada, en 1991-1992. L'économie canadienne a évité une récession de justesse au cours de la première moitié de la présente année, la production affichant une croissance d'à peine 0,8% au cours du premier trimestre et de 0,3% entre avril et juin.

«L'idée est de faire preuve de prudence», souligne Andrew Pyle, conseiller en placements de Scotia McLeod, à Peterborough, en Ontario. Les remarques de M. Carney ne «choqueront pas les Canadiens, mais elles montrent que la Banque du Canada agira pour empêcher une grave récession».