Comment les couples instaurent-ils la gestion de leurs finances ? «Spontanément, les gens nous disent que les choses se sont mises en place naturellement, qu'ils n'en avaient jamais vraiment parlé, qu'ils ont décidé à un moment donné de partager certains comptes...», relate Hélène Belleau.

Comment les couples instaurent-ils la gestion de leurs finances ? «Spontanément, les gens nous disent que les choses se sont mises en place naturellement, qu'ils n'en avaient jamais vraiment parlé, qu'ils ont décidé à un moment donné de partager certains comptes...», relate Hélène Belleau.

Les couples nouvellement formés sont très influencés par l'histoire familiale. «Ceux dont les parents se sont séparés sont beaucoup plus sur leur garde, poursuit la chercheure. Ils ont vu des chicanes sur les questions d'argent.» Mêmes préventions, a fortiori, pour les couples recomposés.

Mais règle générale, il n'y a pas eu de discussion claire et franche sur la question. «Certains font le partage grosso modo, a observé la planificatrice financière Lison Chèvrefils. L'un paie telle chose, l'autre telle chose, on fait le calcul à la fin de l'année et ça se ressemble pas mal. Si aucun des deux ne se sent abusé dans ce grosso modo, c'est correct. Il y a déjà eu une réflexion.»

C'est le point capital : il faut qu'il y ait eu réflexion. À deux, s'entend.

«Si on n'a pas eu la même éducation et si la valeur de l'argent est placée dans des pôles opposés, il y aura des tensions», prévient Mme Chèvrefils. L'exemple classique est l'opposition entre le conjoint prêt à vivre à crédit pour dépenser davantage et l'autre qui craint l'endettement comme la peste aggravée de choléra.

Lise Morin a pu observer les deux côtés de la médaille, comme médiatrice familiale d'une part, comme conseillère budgétaire d'autre part.

Une dame l'avait consultée, aux prises avec un problème d'argent... et de communication. Cette professionnelle touchait un revenu modeste et habitait dans une coopérative d'habitation. Elle avait rencontré un homme qui gagnait plus de deux fois son salaire, qui pour sa part était resté meurtri d'un divorce difficile. Elle n'a jamais osé lui avouer qu'elle n'était pas en mesure de suivre son rythme - sorties, voyage... «Ils étaient tellement incapables de parler d'argent qu'elle avait monté un solde sur sa carte de crédit et sa marge de crédit», relate Mme Morin.

L'homme lui demandait de venir vivre avec lui mais elle redoutait d'abandonner son logement coopératif, si difficile à obtenir. «Je lui ai dit de s'ouvrir, de mettre la question d'argent sur la table, de parler ouvertement de ce qu'elle me racontait, d'exprimer le risque qu'elle courait.»

Mais le sujet est plus tabou que la sexualité, observe Mme Morin. Pourtant, l'argent, la façon dont on l'utilise, traduisent la hiérarchie des valeurs personnelles. «La plupart de nos valeurs, les choses et les projets qu'on veut actualisées, passent par les sous.»

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