Oubliez l'embellie des derniers jours. Les indices boursiers de la planète continuent d'osciller comme l'électrocardiogramme d'un patient en plein infarctus et ils sont tous repartis résolument vers le bas, hier, coordonnant leur chute avec le pétrole et le huard.

Oubliez l'embellie des derniers jours. Les indices boursiers de la planète continuent d'osciller comme l'électrocardiogramme d'un patient en plein infarctus et ils sont tous repartis résolument vers le bas, hier, coordonnant leur chute avec le pétrole et le huard.

Et les signes que ces soubresauts commencent à ronger les nerfs des Canadiens s'accumulent.

Un sondage du Groupe Investors a dévoilé hier que 44% des Canadiens âgés de 60 à 64 ans disent vouloir retarder leur retraite à cause de la crise financière, tandis que 32% des répondants ont déjà commencé à réduire leurs dépenses en se privant de «petits luxes personnels».

Selon l'économiste Hélène Bégin, du Mouvement Desjardins, ces coups de sonde viennent confirmer la dégringolade du taux de confiance des consommateurs canadiens et montrent une chose: «Ce qui s'est passé cet automne a beaucoup affecté le moral des gens.»

«Normalement, le niveau de confiance est affecté par la situation de l'emploi, souligne Mme Bégin. À la limite, de fortes hausses de taux d'intérêt peuvent aussi le miner. Sauf qu'actuellement, l'emploi résiste assez bien, les taux d'intérêt sont faibles et le prix du pétrole a baissé. Donc, c'est vraiment la question des marchés boursiers qui inquiète.»

Et la journée d'hier ne viendra rassurer personne.

Du pétrole au huard en passant par les Bourses européennes, asiatiques et américaines, à peu près tout a terminé dans le rouge.

À Toronto, l'indice S&P/TSX a perdu plus de 3%, ou 331,79 points pour clôturer à 9555,41 points.

Aux États-Unis, les investisseurs ont craint le pire à la veille du dévoilement des statistiques mensuelles de l'emploi et ont préféré paniquer un jour à l'avance, faisant plonger le Dow Jones de 4,85% et le NASDAQ de 4,34%. L'indice élargi Standard&Poor's500 a fondu de 5,03%, à 904,88 points, après un plongeon similaire la veille.

Même scénario en Europe, où l'indice Footsie de Londres a perdu 5,7% tandis que le CAC-40 de Paris glissait de 6,4% et le DAX de Francfort perdait 6,8%.

La marée rouge a aussi touché l'Asie, où les baisses ont atteint 6,5% à Tokyo, 7,1% à Hong-Kong et 7,6% à Séoul.

Le pétrole a aussi terminé en forte baisse. Au banc des accusés: encore les signes de récession qui laissent présager une baisse de la demande. Le baril de light sweet crude pour livraison en décembre a perdu 4,53$US hier pour finir à 60,77$US; il avait déjà perdu 5$US la veille.

Le dollar canadien a suivi la parade en plongeant lui aussi, perdant 1,7 cent US pour clôturer à 83,92 cents US.

«Ce qu'on voit aujourd'hui, c'est quelqu'un qui vient te taper sur l'épaule et qui te dit: Ne pars pas en peur. Tu es encore en récession», dit Vincent Delisle, stratège boursier chez Scotia des Capitaux.

Selon M. Delisle, cette tape sur l'épaule est venue en partie des banques centrales européennes, qui ont annoncé hier des baisses de taux directeur (voir autre texte en page 7). La Banque d'Angleterre n'a pas lésiné en sabrant le sien de 1,5%, tandis que la Banque centrale européenne l'abaissait de 0,5%.

«Les baisses de taux sont un couteau à deux tranchants, dit M. Delisle. Elles amènent éventuellement du bon, mais quand on les baisse de façon aussi précipitée, ça veut dire une chose: ça ne va pas bien.»

Il n'en fallait pas plus pour tout précipiter vers le bas dans le contexte d'instabilité actuel. Et selon M. Delisle, il faudra s'habituer. Le marché baissier est loin d'être terminé, avertit-il, et la volatilité n'a pas fini de faire des siennes.

«Les investisseurs ont la mèche plus courte. Les grands investisseurs utilisent davantage de leviers, ce qui amplifie les mouvements. Et les gens sont dans un mode tellement court terme qu'ils surréagissent à des nouvelles», dit le stratège pour expliquer les «swings assez impressionnants» qu'il voit par les temps qui courent.

La bonne nouvelle dans tout ça, c'est que malgré les inquiétudes, les Canadiens continuent de cotiser à leur REER. Selon le sondage réalisé par le Groupe Investors, 67% des Canadiens qui en détiennent un ou prévoient en ouvrir un ont l'intention de cotiser autant ou davantage que l'an dernier. Et c'est au Québec, avec 73%, que la proportion est la plus élevée.