Le prochain gouvernement américain dirigé par le démocrate Barack Obama pourrait s'avérer plus attentif aux préoccupations économiques des principaux alliés des États-Unis, selon des analystes à Washington.

Le prochain gouvernement américain dirigé par le démocrate Barack Obama pourrait s'avérer plus attentif aux préoccupations économiques des principaux alliés des États-Unis, selon des analystes à Washington.

À commencer par le Canada, important partenaire de libre-échange continental mais dont le commerce avec les États-Unis -environ un milliard par jour- est entravé par la multiplication des mesures de sécurité frontalière.

«L'impact de la gestion de la frontière américaine sur la compétitivité économique du Canada demeure notre priorité», a confirmé un officiel à l'ambassade du Canada à Washington.

Entre autres, on surveillera l'intention du président désigné de revoir le fonctionnement de l'énorme département de la Sécurité intérieure (Homeland Security), créé à la hâte par l'administration Bush après les attentats du 11 septembre 2001.

«La sécurité frontalière demeure très importante pour les Américains. Mais on espère que ce département soit plus soucieux de son impact sur le commerce et l'économie», a indiqué Maryscott Greenwood, directrice du Canadian-American Business Council, important regroupement d'entreprises des deux pays, situé à Washington.

ALENA

Par ailleurs, avec l'électorat américain inquiété par un krach immobilier et financier qui mue en récession, le Canada et ses principales provinces exportatrices, dont le Québec, doivent s'attendre à des propos protectionnistes émanant du Congrès.

D'autant plus que les élus démocrates ont renforcé leur majorité au Sénat et à la Chambre des représentants, deux hauts lieux de la politique partisane et des lobbyistes à Washington.

«Sans doute que certains élus du prochain Congrès (le 211e) tenteront de se faire valoir avec des propos protectionnistes, en réaction à la récession. Mais ça ne veut pas dire que la future administration démocrate de Barack Obama ira dans le même sens. En fait, elle aura bien d'autres priorités économiques que, par exemple, tenter de modifier l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) avec le Canada et le Mexique», selon Maryscott Greenwood, aussi une ex-directrice à l'ambassade des États-Unis à Ottawa.

«Malgré des critiques de l'ALENA entendus au cours de la campagne, le président élu Obama et ses conseillers savent très bien que cette entente a profité fortement à l'économie américaine. Tout au plus, l'administration Obama pourrait vouloir renforcer les ententes accessoires, comme celles des normes du travail et de l'environnement.»

David Biette, directeur du Canada Institute au Centre international Woodrow Wilson à Washington, croit très peu lui aussi au "risque" pour le Canada d'une remise en question de l'ALENA par la prochaine administration Obama.

«Ce pacte commercial fut compliqué à négocier, sous un président démocrate d'ailleurs (Clinton). Il serait encore incroyablement complexe à modifier en raison de l'intégration très poussée des économies du Canada et des États-Unis», a indiqué M. Biette.

«Par ailleurs, au Congrès, les propos protectionnistes que l'on entend ne ciblent pas le Canada, mais plutôt des pays en développement qui veulent exporter davantage.»

Avis semblable de la part de Christopher Sands, directeur du pupitre "Canada" à l'Institut Hudson, aussi à Washington.

«Les doléances protectionnistes que l'on entend de certains démocrates ou républicains au Congrès ciblent surtout le Mexique et des pays d'Asie comme la Chine et la Corée.»

Stimuli économiques

Selon M. Sands, les intervenants économiques et les milieux d'affaires au Canada devraient se préoccuper davantage des stimuli économiques énoncés par le président élu Obama lors de sa campagne.

Entre autres, des mesures ciblées vers «l'économie verte» pourraient favoriser la demande d'énergie de sources renouvelables comme l'hydroélectricité, un fief d'exportation pour le Québec.

Aussi, des mesures du plan Obama pourraient aider la survie et la relance des trois Grands américains de l'automobile (GM, Ford, Chrysler), dont dépendent des milliers d'emplois manufacturiers aux États-Unis et en Ontario.