La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi une baisse d'un demi-point, à 3,25%, de son principal taux d'intérêt directeur, une décision largement attendue qui vise à donner un peu d'air à l'économie de la zone euro.

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi une baisse d'un demi-point, à 3,25%, de son principal taux d'intérêt directeur, une décision largement attendue qui vise à donner un peu d'air à l'économie de la zone euro.

Le «taux de refinancement», qui détermine le niveau du crédit pour les particuliers et les entreprises, est ramené ainsi à son niveau d'octobre 2006. Il s'agit de la deuxième réduction en un mois, après l'action concertée entre grandes banques centrales du 8 octobre.

Le geste de la BCE était largement attendu, sur fond d'économie en panne et d'inflation qui se résorbe rapidement sous l'effet de la chute des prix des matières premières.

Les marchés boursiers ont creusé leurs pertes après l'annonce, Paris et Francfort perdant plus de 4%. Certains opérateurs avaient parié sur une réduction plus ample, espoirs qui avaient été ravivés par l'annonce de la Banque d'Angleterre (BoE).

La BoE a en effet créé la surprise en réduisant d'un point et demi, à 3%, son principal taux. Une baisse d'une telle ampleur n'avait pas eu lieu depuis 1981, alors que le Royaume-Uni était plongé dans une grave récession durant les premières années du gouvernement de Margaret Thatcher.

Et la Banque nationale suisse (BNS, banque centrale) a elle aussi décidé d'assouplir les conditions du crédit jeudi, en abaissant de 50 points la marge de fluctuation de son taux de référence, le Libor à trois mois, qui passe à 1,5%-2,5%.

«La BCE se dresse ainsi avec les autres banques centrales contre le retournement économique», a réagi la fédération des banques publiques allemandes, jugeant la baisse du jour appropriée.

Même si la BCE a été moins agressive que la BoE, «d'autres baisses sont à venir», souligne Jennifer McKeown, économiste chez Capital Economics, soulignant que la sévère dégradation attendue de l'économie va définitivement ranger au placard les inquiétudes restantes pour l'inflation.

Les deux taux qui encadrent le taux principal ont aussi été abaissés: le taux plancher (dépôt au jour le jour), auquel les banques peuvent placer de l'argent pour 24 heures auprès de la BCE, tombe à 2,75% et le taux plafond (prêt marginal au jour le jour), auquel les banques peuvent emprunter pour la même durée, à 3,75%, a également annoncé la BCE.

D'autres baisses possibles

Le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, a ouvert la voie jeudi à une nouvelle baisse prochaine des taux directeurs en zone euro, en déclarant qu'il ne pouvait pas l'exclure.

«Je ne peux pas exclure que nous réduisions à nouveau les taux», a déclaré le Français au cours d'une conférence de presse.

«La perspective pour la stabilité des prix continue à s'améliorer», a expliqué M. Trichet. L'inflation devrait rentrer dans le rang dans le courant 2009, a-t-il dit, sous l'effet conjugué de la chute des prix des matières premières et du ralentissement économique en cours. La pression inflationniste liée aux salaires devrait aussi diminuer.

Parallèlement, l'horizon pour l'économie est sombre et l'intensification de la crise financière fait toujours peser «des incertitudes extraordinairement élevées» sur la croissance de la zone euro et du monde entier, a-t-il dit.

La demande est appelée a ralentir pendant une «période plutôt prolongée», a-t-il souligné. Même s'il ne voit pas de pénurie du crédit «pour le moment» en zone euro, les tensions se sont intensifiées depuis l'effondrement de la banque d'affaires américaines Lehman Brothers, a-t-il dit.

«Nous vivons dans un autre univers depuis le 15 septembre», date de la mise en faillite de la banque américaine, a-t-il jugé.

«Des défis exceptionnels se dressent devant nous», a-t-il insisté exhortant tous les acteurs, des pouvoirs publics aux partenaires sociaux à «prendre leur responsabilités».

«Nous attendons que le secteur bancaire apporte sa contribution afin de rétablir la confiance», a-t-il ajouté, encourageant les établissements à prendre «pleinement en compte les mesures de soutien significatives adoptées par les gouvernements en réponse aux turbulences financières».

Il a enfin redit que le pacte de Stabilité et de Croissance devait être «complètement appliqué», comme cela a d'ailleurs été confirmé récemment par les États au cours d'une réunion des ministres des Finances européens à Bruxelles, même si, crise oblige, ils ont renoncé à un retour à l'équilibre des finances publiques dès 2010.